A MOST VIOLENT YEAR

Affiche The most violent yearFilm de J. C. Chandor
(Thriller / Policier – USA – 2014 – 2h05 – VF & VOST)
Avec: Oscar Isaac, Jessica Chastain, Albert Brooks …

New York – 1981. L’année la plus violente qu’ait connu la ville. Le destin d’un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, à la violence galopante et à la dépravation de l’époque qui menacent de détruire tout ce que lui et sa famille ont construit.

« Dès son premier long métrage, Margin Call (2011), on avait presque cru à un gag. Une mystification à la Romain Gary. Le film était si bien écrit, dirigé avec un tel sens de l’action et du suspense qu’il ne pouvait qu’être l’œuvre d’un vieux briscard hollywoodien visant – sous un faux nom sentant le pseudonyme à plein nez – une nouvelle jeunesse. Mais non : J.C. Chandor existe. A 40 ans à peine, il signe un troisième film (après le huis clos de Margin Call, il a filmé Robert Redford isolé en mer dans All is lost) étrange et spectaculaire, qui s’appuie sur le classicisme pour mieux le réinventer, à chaque instant, par les variations et l’audace. Du grand art. A New York, en cette année 1981, on recense plus d’un million de crimes, des centaines de meurtres et de viols. Les années 1980, à Big Apple, furent terrifiantes… C’est dans cette violence omniprésente que se débat Abel Morales (Oscar Isaac), petit patron qui espère devenir grand. Il travaille dans le pétrole, en achète, en revend, en bon capitaliste honnête qu’il prétend être. Le mal le cerne, bien sûr : son fidèle avocat (Albert Brooks) se qualifie lui-même de « bandit » et sa femme (Jessica Chastain), fille repentie d’un escroc notoire, se prend à regretter, par moments, les méthodes expéditives de papa… Ça ne fait rien, Abel demeure inébranlable : riche, il sera, mais honnête, il restera. Sauf que ses camions, en plein New York, se font l’un après l’autre délester de leur chargement. Pis : un procureur honnête – ou extrêmement ambitieux – l’attaque pour escroqueries et malversations. Qui plus est, il lui reste quelques jours pour honorer un contrat, sous peine d’être totalement ruiné. C’est clair : quelqu’un veut sa perte, mais qui ? On retrouve dans A most violent year, mais approfondi, encore plus maîtrisé que dans Margin Call, le talent de J.C. Chandor à dessiner, en quelques traits, un personnage, à dévoiler une psychologie par un détail, une intonation, un geste. La façon minutieuse dont Abel se rase, par exemple, ou la manière dont sa femme tire sur ses cigarettes les caractérisent mieux que de longs discours. Cette précision s’exerce, aussi, sur les seconds rôles. Tous existent en quelques secondes : le dandy isolé qui joue au tennis tout seul, au cœur de son bunker ; l’envieux adipeux qui se fait coquettement coiffer ce qui lui reste de cheveux ; sans oublier le vieillard silencieux qui semble n’avoir survécu que pour déshériter ses fils et confier à sa petite-fille sa modeste entreprise… Même soin apporté aux décors : aux hangars à l’abandon dans un New Jersey sinistre s’opposent des appartements de luxe où une lumière blafarde semble, curieusement, ne rien pouvoir éclairer. Ni personne. C’est là qu’Abel pressent, une nuit, la présence d’un rôdeur… L’intrus qui menace des nantis dans leur belle demeure est le passage obligé de tout thriller qui se respecte, bon ou mauvais. Chandor s’amuse à en faire un véritable exercice de style, mais avec style : les plans serrés accompagnés de travellings courts, la photo superbe de Bradford Young, les deux, trois accords lancinants d’Alex Ebert font de cette scène un moment quasi expressionniste, digne de Fritz Lang : un secret derrière la porte… Car ce diable de J.C. Chandor semble avoir tout vu, les grands classiques comme les séries B. Il sait qu’on le sait, et on sait qu’il sait que nous savons : ça l’amuse de créer, entre lui et nous, ces liens cinéphiliques. Ainsi, dès les premières secondes – un homme qui court vêtu d’un jogging et d’un bonnet -, on pense à Sidney Lumet, à Serpico, très précisément, puisque Oscar Isaac, menu et nerveux, ressemble à Al Pacino. La poursuite d’un camion volé par une voiture est une copie assumée – et incroyablement maîtrisée – de The French Connection, de William Friedkin… Évidemment, le héros qui croit dominer un destin qui ne fait que le berner évoque Joseph L. Mankiewicz et son ironie cynique et désabusée : Jessica Chastain s’appelle, d’ailleurs, Anna et aime autant le fric que Danielle Darrieux dans L’Affaire Cicéron… Même Alfred Hitchcock est présent : Chandor lui emprunte son fameux MacGuffin. On s’en souvient, « Hitch » appelait ainsi le prétexte qui, dans ses intrigues, poussait les personnages à s’entre-tuer, mais qui n’avait aucune importance, ni pour lui, ni pour son spectateur. Ce pouvait être de l’uranium caché dans une bouteille de vin (Les Enchaînés), une formule mathématique à dérober (Le Rideau déchiré) ou un secret enfoui dans l’inconscient (Pas de printemps pour Marnie). Tout est cinéma dans A most violent year. Tout sert le cinéma. Tout exalte le cinéma : le manteau beige un peu voyant du héros, qui, soigneusement plié sur le canapé de son futur débiteur, ressemble à la dépouille de ses illusions. Le souffle rauque d’un employé sur le point de commettre l’irréparable. Et la beauté de New York, contemplée, dans un éclairage doré et poisseux, par Abel en route vers le succès. C’est cette foi absolue dans le cinéma d’auteur, dans ce que ce cinéma a toujours voulu, pu, su exprimer que le film est magistral. Excitant et indispensable. »
Pierre Murat – Télérama

Ce film est précédé du court métrage
SUBCONSCIOUS PASWORD
Film de Chris Landreth
(Animation – Canada – 2013 – 11′ – VOST)

Charles rencontre une connaissance dont le prénom ne lui revient pas. S’ensuit alors une aventure absurde dans les méandres de son cerveau pendant laquelle il participe à un jeu inspiré de l’émission télévisée ‘Mot de passe’ afin de retrouver le prénom de John.

Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
samedi 07 février à 21h (VF)
dimanche 08 février à 17h (VOST)
lundi 09 février à 20h30 (VOST)

Lamastre (centre culturel)
jeudi 05 février à 20h30 (VOST)
vendredi 06 février à 21h (VF)

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