ALCESTE À BICYCLETTE

affiche alceste à bicycletteFilm de Philippe Le Gay
(Comédie – France – 2013 – 1h44)
Avec : Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa…

Philippe Le Guay est un cinéaste attiré par les contraires. Sa filmographie en témoigne : de la confrontation ouvrière (Trois-Huit) à l’aristocratie et ses bonnes espagnoles (Les Femmes du sixième étage), en passant par le récit choral sur les divers rapports à l’argent (Le coût de la vie), le réalisateur n’aura eu cesse de mettre en jeu des oppositions, des contradictions qui amorcent le récit et lui impulsent leur énergie. Quel meilleur terrain alors qu’un homme animé par une méprise profonde du monde qui l’entoure, vivant l’hypocrisie quotidienne comme une souffrance et n’en pouvant plus d’être réduit en silence par la bien-pensance de son époque ? L’histoire du Misanthrope et l’incroyable modernité de son propos ne se contentent pas d’habiller ce Alceste à Bicyclette, ils servent de miroir savoureux à la confrontation Luchini-Wilson, pièce maitresse du film. Ayant un œil plus aiguisé que jamais sur son récit et la mise en scène qui lui donne vie, Le Guay trouve la bonne distance à adopter face à ce gouffre qui sépare Serge Tanneur et Gauthier Valence, l’un Philinte souffrant de son succès et l’autre Alceste reclus en île de Ré. Les deux hommes entretiennent une amitié fait d’un respect mutuel et d’un sadisme calculé qui est aussi celui d’un certain milieu, hier théâtral, aujourd’hui cinématographique. Co-scénarisé par Luchini en personne, le récit est parcouru d’un sentiment autobiographique féroce, qui dépeint un univers de coups bas et d’ironie blessante où chacun entretient son égo au détriment de la beauté de l’Art. On se tire beaucoup dans les pattes, parfois par références indirectes, d’une telle manière qu’une implosion n’est jamais loin, camouflé dans un compliment à double sens ou dans une expérience de tournage tronquée. On y rit jaune mais on y rit franc, avec la distance nécessaire de ceux qui sont loin d’exercer le métier, tout en imaginant que le portrait au vitriol a bien du faire grincer quelques dents. Malgré tout, l’émotion nous étreint en fin de parcours, dans un dernier acte où le réalisateur n’a pas peur d’engager son propos jusqu’en phase terminale, laissant l’amertume de ses protagonistes prendre le pas sur le duel comique. Un film qui commence comme un pastiche pour s’épanouir ensuite en une comédie amère d’une discrète virtuosité.

Ce film est précédé du court métrage:
GROOVE YOUR LIFE
Film de Franck Lebon & Vincent Burgevin (Fiction – France – 2011 – 06’38)

Groove your life, société spécialisée dans le bonheur à domicile, vous propose de remédier à toutes vos névroses! Tout est possible, il vous suffit de le décider et surtout de nous téléphoner! 2’50 la minute plus frais supplémentaires selon opérateur.

Vernoux (salle Louis Nodon)
samedi 16 février à 18h
dimanche 17 février à 15h
lundi 18 février 21h
Lamastre (centre culturel)
jeudi 14 février à 21h
vendredi 15 février à 21h
Chalencon (salle polyvalente)
dimanche 17 février à 20h30

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