DANS LA COUR

Affiche dans la courFilm de Pierre Salvadori
(Comédie dramatique – France – 2014 – 1h37)
Avec: Catherine Deneuve, Gustave Kervern, Féodor Atkine …

Antoine est musicien. A quarante ans, il décide brusquement de mettre fin à sa carrière. Après quelques jours d’errance, il se fait embaucher comme gardien d’immeuble. Jeune retraitée, Mathilde découvre une inquiétante fissure sur le mur de son salon. Peu à peu, son angoisse grandit pour se transformer en panique : et si l’immeuble s’effondrait… Tout doucement, Antoine se prend d’amitié pour cette femme qu’il craint de voir sombrer vers la folie. Entre dérapages et inquiétudes, tous deux forment un tandem maladroit, drolatique et solidaire qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.

« Les cours, en dépit de leur réputation légèrement surestimée, n’appellent pas toujours les miracles. Voilà la morale mélancolique du huitième film de Pierre Salvadori qui ne cesse, depuis ses débuts, de chercher le délicat équilibre entre comique et tragique, l’éclat de rire restant souvent coincé dans le larynx par une furtive bouffée d’angoisse. Avec Dans la cour, il parvient à ce balancement gracieux avec une fluidité qui tranche singulièrement dans le paysage à demi-sinistré de la comédie à la française. La cour d’immeuble où se déroule la quasi-totalité de cette histoire n’est ni pittoresque ni charmante. Elle est même franchement lugubre, avec ses pavés douteux et ses plantes d’ornement que personne n’a jugé bon de maintenir en vie. Elle est, comme toutes les parties communes des vieux immeubles parisiens, l’agora dérisoire des rancœurs et autres croche-pattes réciproques des résidents, tous ou presque enhardis par ce patrimoine immobilier qui a métamorphosé n’importe quel propriétaire d’un petit trois pièces-cuisine en millionnaire arrogant. Pourtant, ici, personne n’est foncièrement odieux. Ni l’emmerdeur patenté qui voit le mal partout (Nicolas Bouchaud), ni le squatteur membre d’une secte (Oleg Kupchik), ni l’ancien syndicaliste aux réflexes staliniens (Féodor Atkine) et encore moins le dealer (Pio Marmaï, très perché), qui partage volontiers son fonds de commerce. Pourtant, quelque chose d’autre se joue dans ce mini-théâtre à la Perec. Deux individus, l’un et l’autre au bord du gouffre, unissent leur désarroi par le seul sortilège du voisinage. Le premier, Antoine (Gustave Kervern, plus plantigrade que jamais), est un ancien musicien frappé par la crise de la quarantaine avec la violence d’une tornade, et qui, par la combinaison de plusieurs malentendus, décroche un boulot de concierge dans l’immeuble. Pour lui qui passait ses journées à observer la vie des autres depuis un banc des Buttes-Chaumont, il s’agit d’une relative amélioration sociale qui, néanmoins, ne le débarrasse ni de son tenace cafard ni de son penchant à sniffer une sorte de cassonade aux propriétés euphorisantes. L’autre membre du curieux duo, c’est Mathilde (Catherine Deneuve, dans un très grand numéro fébrile), retraitée qui remplit son emploi du temps en s’occupant des autres par le truchement d’associations. Or son activité débordante n’est pas, seulement, le fruit d’une aimable excentricité bourgeoise. Mathilde devient complètement folle. La cour se transforme en terrain accidenté d’une rencontre qui, pour une fois au cinéma, n’a rien à voir avec l’amour, la séduction ou le désir. Ces deux naufragés, qui dérivent inexorablement, finissent par partager leur angoisse existentielle parce qu’ils sont les seuls à entendre le signal de détresse de l’autre. Mais, à l’image de la drogue que le concierge s’envoie dans les narines, la relation est autant un poison qu’un remède. Comme si leurs efforts désordonnés pour s’éviter la noyade n’avaient pour effet que de les envoyer par le fond. Dans une scène, Antoine lit à un locataire aveugle un poème de Raymond Carver. Le texte parle d’un homme qui, épuisé d’une vie d’errance, trouve enfin le repos une fois sous terre. «Il dort comme un vieux roi», dit le poème. Dans le même recueil, intitulé la Vitesse foudroyante du passé, le dernier vers d’un autre poème convient au moins aussi bien au film : «On disparaît bien assez tôt. Bien assez tôt. Rongés.» »
Bruno Icher – Libération

Ce film est précédé du court métrage:
HEAVY SENTIMENTAL
Film de Laure Ballarin
(Fiction – fRANCE – 2012 – 13’04)

Claire passe une bonne soirée. La bière et le whisky lui donnent des ailes…

Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
samedi 24 mai à 21h
dimanche 25 mai à 18h
lundi 26 mai à 20h30

Lamastre (centre culturel)
jeudi 22 mai à 20h30
samedi 24 mai à 21h

Chalencon (salle polyvalente)
dimanche 25 mai à 20h30

Saint Félicien (salle polyvalente)
vendredi 23 mai à 21h

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