L’IDIOT !

l-idiotFilm de Yuri Bykov
Drame – Russe – 2015 – 1h52 – VOST
Avec Artem Bystrov, Natalia Surkova, Dmitry Kulichkov

Alors, oui, c’est noir, mais il y a là une énergie, une maîtrise du récit, une science de cinéma qui soulèvent le film. Et les acteurs sont magnifiques.  
Le Nouvel Observateur

Sous la grisaille d’un film social en province russe, c’est le cœur d’un thriller quotidien et domestique qui bat.
Cinéma Teaser

SYNOPSIS

Dima est un jeune plombier qui doit gérer les canalisations des logements sociaux d’un quartier d’une petite ville de Russie. Un soir, lors d’une inspection de routine, il découvre une énorme fissure qui court le long des façades de l’immeuble. Selon ses calculs, le bâtiment est sur le point de s’effondrer et d’ensevelir les 800 locataires qui y vivent. Une course contre la montre va s’engager…

CRITIQUE

Chez les Nikitine, on est idiot de père en fils. A savoir, honnête : la pire des tares dans une Russie qui ne vit que par et pour les embrouilles et les magouilles. Tout citoyen normalement constitué, s’il est convaincu de la chute prochaine et inévitable d’un immeuble où survivent huit cents locataires, s’en ira tranquillement cuver sa vodka et dormir. Au réveil, il comptera les morts à la télé. Mais pas Dima Nikitine, plombier de son état et crétin de naissance. Le voilà qui s’agite, téléphone, traverse la ville nocturne et glacée pour prévenir Mme la maire, qui fête son anniversaire en compagnie de quelques amis hypocrites, cyniques et pintés. On est dans la Russie du film d’Andreï Zviaguintsev (Léviathan), mais en pire. La force de la dénonciation, qui vire à la farce, par moments, évoque la brutalité des thrillers de Dashiell Hammett, jadis, notamment le plus célèbre d’entre eux : La Moisson rouge. Sergueï Bikov mène son pamphlet tambour battant : rythme rapide et style sec. Comme il est russe, néanmoins, et qu’il connaît son Dostoïevski par cœur, il ne peut évidemment sombrer dans le cynisme total. En lui s’agite toujours, comme en ses compatriotes, la petite flamme de la compassion. ­Cela vaut pour les habitants de l’immeuble, pauvres hères pour qui rien n’a vraiment changé depuis Crime et Châtiment. Mais aussi pour les notables : certes, il n’excuse pas tous ces corrompus, ces salopards, mais il les contemple avec indulgence. Presque avec commisération. Après tout, c’est parce qu’ils ont réussi, eux, à s’échapper des bas-fonds qu’ils s’accrochent si férocement à leurs privilèges. Ils ne sont pas fiers de se voir tels qu’ils sont devenus. Ils se mépriseraient même un peu de se découvrir aussi dégueulasses. Mais c’est trop tard : ils sont trop lâches, trop repus pour changer. Alors Dima, cet idiot de Dima (Prix d’interprétation plus que mérité, à Locarno, pour Artyom Bystrov), devient soudain le reflet d’une pureté enfuie. Un souvenir gênant. Un homme à abattre.
Pierre Murat – Télérama

SÉANCES

 

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