LE DERNIER LOUP

Affiche le dernier LoupFilm de Jean-Jacques Annaud
(Aventure – France / Chine – 2015 – 1h55 – V.F. – 2D / 3D)
Avec: Feng Shaofeng, Shawn Dou, Ankhnyam Ragchaa …

 1969. Chen, un étudiant de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre sur la vie dans cette contrée infinie, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes : le loup. Séduit par le lien complexe qui unit ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais un représentant régional de l’autorité centrale décide d’éliminer tous les loups de la région.

« Toujours pas revenu des succès de 7 ans au Tibet (1997) et Deux Frères (2001), Jean-Jacques Annaud essaie de tourner la page douloureuse de quinze ans d’insuccès où son nom est devenu tristement associé aux années 80. Le réalisateur de La Guerre du feu, L’Amant et Le Nom de la Rose, has been ? Avec l’adaptation du classique de la littérature chinoise de 2004, Le Totem du Loup de Jiang Rong, un succès colossal en Chine, il reprend les choses en main avec l’atout animalier des Deux Frères, mais aussi, et surtout, celui de L’ours. L’occasion pour le cinéaste de sonder une fois de plus la complexité des rapports entre l’homme et l’animal. Armé d’un colossal budget de 40 millions de dollars, essentiellement venu de Chine, mais aussi des poches de son collaborateur de toujours, le producteur Xavier Castano, il se réapproprie son thème de prédilection sur fond de steppes grandioses, celles de Mongolie-Intérieure, des étendues aux courbes sublimes, qui évoquent celles de Xiu Xiu de Joan Chen, ou le récent Mongol de Sergey Bodrov. La caméra de Jean-Jacques Annaud, cinéaste au sens inné du spectacle déployé en Cinémascope, semble la mieux armée pour capter la cinégénie de ces espaces hostiles à l’homme, où cohabitent une poignée de peuples nomades, et des animaux sauvages indomptables, parmi lesquels des loups. La trame scénaristique ne donne pas dans l’originalité, il y est une fois de plus question de l’exode vers la nature dont peuvent rêver des dizaines de millions de Chinois contemporains piégés dans les brouillards polluants des cités. Le film ressasse en fait un pan bien connu de l’histoire du pays, maintes fois relaté au cinéma, la Révolution Culturelle et ses intellectuels envoyés en masse dans les campagnes par le pouvoir de Mao, dans les années 60-70, pour éduquer les populations pastorales et nomades et les former à la pensée unique. Le choc des cultures relève ici moins du drame humain que celui, écologique, d’une nature bouleversée par les avancées de l’Homme dans des territoires hostiles à sa présence, où, pour étendre son influence, ce dernier s’insinue de façon désastreuse pour l’écosystème, aussi vaste soit-il. La présence du loup, aussi redouté que vénéré par les locaux, devient problématique et la cible de chasses acharnées, à une nouvelle échelle. Aussi quasiment disparu de Chine, l’animal montré en meute dans le film d’Annaud y est décimé, lors de scènes fabuleuses, mais douloureuses. Le Dernier Loup, aussi académique soit-il dans son approche, n’en demeure pas moins un conte familial un brin cruel pour les plus jeunes spectateurs, où l’on fait croire à la proximité contre-nature de l’homme, via un jeune étudiant envoyé dans ce territoire reculé, et un jeune loup qu’il a sauvé d’un massacre et qu’il élève dans le plus grand secret. Ce futur « Dernier loup », maillon marquant d’une évolution désastreuse d’une campagne que l’on enflamme à des fins peu recommandables, est un animal majestueux dans son allure, cruel dans ses traques, mythique dans le sentiment mêlé de respect et de peur qu’il fait naître dès sa simple évocation visuelle. Le loup de Jean-Jacques Annaud est ainsi à l’origine de séquences parfois hallucinantes, voulues en 3D par un auteur pourtant rarement indulgent envers cette technologie à la mode, comme une course poursuite nocturne dévoilant la meute conduisant des chevaux au galop vers une fin inexorable. D’une beauté esthétique infernale, cette séquence permet au film d’échapper un instant aux canons de l’académique consensuel pour flirter avec les vertiges d’une esthétique ténébreuse inattendue. Le massacre d’un troupeau de moutons dans un enclos permet au loup de revêtir sa fourrure traditionnelle de tueur, avec une intelligence carnassière fascinante. […]
Au final, Le Dernier Loup n’est pas le film de la réinvention pour Annaud, mais bel et bien un nouveau numéro (le 13e) dans une filmographie haut de gamme cohérente, où les erreurs du passé sont réitérées, mais cette fois-ci sans faire de l’ombre au travail consistant de son auteur qui vise plus que jamais une cible internationale, avec des sensibilités aussi variées qu’universelles, surtout quand il s’agit de succomber à l’émotion facile. Bref, s’il ne parvient pas à la force naturaliste de L’ours, il faut souligner que Le Dernier loup est surtout nettement supérieur à Deux Frères, c’est même peut-être le meilleur film de son réalisateur depuis son incursion au Tibet avec Brad Pitt. »
Frédéric Mignard – àVoir-àLire

Lamastre (centre culturel)
jeudi 26 mars à 15h (2D)

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