LE PASSE

affiche Le PasséFilm de Asghar Farhadi
(Drame – France – 2013 – 2h10)
Avec : Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa…

« Avec Asghar Farhadi, rien ne change vraiment. Son film précédent s’intitulait Une séparation. Celui-ci commence par un divorce. Il l’a tourné en France, mais, soudain, sous sa caméra, une banlieue près de Paris prend des airs de faubourg de Téhéran : même les trains qui circulent près du pavillon de ses personnages ressemblent aux convois poussifs des Enfants de Belle Ville. Et Bérénice Bejo, transformée, transfigurée, comme éclairée de l’intérieur, ressemble à une Iranienne en exil. C’est que, comme tous les grands, Asghar Farhadi emporte son univers avec lui. Peu lui importent les lieux, les langues, les villes, puisque ce sont les êtres humains qu’il cerne, toujours les mêmes, sous les masques et les défroques dont ils se parent. Venu du pays, Ahmad (Ali Mosaffa) débarque à Sevran pour divorcer de la femme avec laquelle il a vécu, en Fran­ce, des années auparavant : elle veut refaire sa vie avec un homme qu’elle croit, qu’elle sait être le bon, cette fois. Même s’il est toujours marié à une autre, plongée dans le coma à la suite d’une tentative de suicide. Un revenant et une éternelle absente. Un confident et un fantôme. C’est entre ces deux témoins opposés, étrangers l’un à l’autre, que le drame se noue, se joue. La femme dans le coma se contente de peser, de loin, sur des vies que son geste a dévastées. Lui, au contraire, écoute les confessions des désemparés qu’il croise. Il recueille des avis, des récits aussi confus qu’embrouillés et tente d’y voir clair. A son corps défendant, semble-t-il. Mais on s’aperçoit assez vite que ces confidences, il les provoque, il les encourage. Peut-être jouit-il en secret de ces aveux, ces parcelles de vie dont il s’empare au nom du bien, de la vérité, de la transparence pour les transmettre pas toujours au bon moment, à qui il ne faudrait pas… Ahmad est-il un juste, comme il le croit ? Ou, comme le lui hurle son épouse lors de leur affrontement, un hypocrite auto-satisfait, se plaisant, au nom de principes qu’il ne s’applique pas, à humilier tous ceux qu’il imagine indignes de sa morale et de sa philosophie ? Le cinéaste ne tranche jamais, évidemment, mais suggère des failles, y compris chez ceux qui se croient sans faiblesse. On est dans le cinéma du doute, de l’« inquiétude morale ». Ici, les personnages restent constamment à la merci de faits qu’ils ont ou croient avoir commis, d’actes qu’ils revendiquent ou qu’ils nient. Le drame vient de leur méconnaissance : la vérité, ils ne la con­naissent que par bribes, et elle reste fluctuante, contradictoire quand ils croient se l’être appropriée. D’où, lors des explications sur le suicide de la femme-fantôme, une série de coups de théâtre que le cinéaste affectionne. D’où, aussi, des bouffées d’hystérie qui ne font que trahir l’incapacité des personnages à trouver autour d’eux, et en eux, la force et la paix… Régulièrement, entre deux accès de fureur, Asghar Far­hadi filme des silences. Des pauses où tout semble en suspens mais où le suspense règne. Depuis Une séparation, Asghar Far­hadi atteint l’osmose rare : être constamment sur la crête des sentiments, sans jamais verser dans la fadeur, ni la lourdeur. Il filme désormais, avec la même pureté, le mal et l’innocence, au plus près du minuscule et de l’essentiel. »
Pierre Murat – Télérama

Ce film est précédé du court métrage:
TRE ORE
Film de Annarita Zambrano
(Fiction – France – 2010 – 12′)

Rome, aujourd’hui. Un père condamné pour meurtre, une fillette qui n’a pas froid aux yeux. Le Tibre sépare la ville et unit leurs vies… le temps d’un après-midi.

Vernoux (salle Louis Nodon)
samedi 22 juin à 18h & 21h
lundi 24 juin à 21h

Lamastre (centre culturel)
jeudi 20 juin à 21h
mardi 25 juin à 21h

Chalencon (salle polyvalente)
dimanche 23 juin à 20h30

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