MANDARINES

affiche-mandarinesFilm Zaza Urushadze
Drame – Estonien, Géorgien – 2016 – 1h27
Avec Lembit Ulfsak, Elmo Nüganen, Misha Meskhi

Une histoire émouvante qui combat la guerre, le rejet de l’autre et la haine sous toutes ses formes, à proposer d’urgence à tous les publics.  A Voir à Lire.com

Sélectionnée pour l’Oscar du meilleur film étranger, cette leçon de tolérance pousse jusqu’au bout la symbolique des frères ennemis qui finiront par s’aimer sous le regard bienveillant du vieux sage… Le film est sauvé de la convention par ses interprètes et par son côté western caucasien.  Télérama

 

SYNOPSIS

En 1990, la guerre fait rage en Abkhazie. Un village ne compte comme seuls habitants qu’un vieil homme, Ivo, et un producteur de mandarines, Markus, – tous deux d’origine estonienne – qui refuse de quitter sa plantation alors que les fruits sont presque mûrs. Le conflit est de plus en plus proche mais Ivo décide de venir en aide à Akhmed, un Caucasien blessé, et le cache chez lui. Markus, à son tour, découvre un Géorgien laissé pour mort sur le champ de bataille. Il l’emmène lui aussi chez Ivo. Deux combattants de camps opposés se retrouvent alors sous le même toit…

CRITIQUE

Le Géorgien Zaza Urushadze signe une fable lumineuse sur la guerre, et la vie qui résiste. Dans une région livrée aux combats, il campe un huis clos où la haine finit par céder.

Dès les premières minutes, sa présence est sensible. Les mains au travail, la barbe illuminée de sciure de bois, le regard concentré derrière un masque de protection, Ivo découpe de fines et longues lames de bois. Déjà la mélodie de Niaz Diasamidze emporte vers des contrées lointaines.

Bientôt, la caméra s’éloignera, dévoilant les paysages éteints et sublimes qui entourent son atelier, sa modeste maison et celle de son voisin et ami, Margus. Bientôt, on comprendra que les deux hommes ont engagé une course contre la montre pour récolter et livrer les mandarines cultivées par Margus avant qu’elles ne se perdent, elles aussi.

L’histoire se déroule en Abkhazie en 1992, lors du conflit qui oppose cette région à la République de Géorgie. La communauté estonienne présente sur cette terre depuis cent cinquante ans a regagné la mère patrie. Mais de ce contexte rapidement rappelé au générique, le film ne cesse de s’échapper, fuyant vers la fable à chaque instant.

La relation à la terre

L’important est ailleurs. Dans la relation à la terre de ces deux amis qui refusent de partir malgré l’imminence du danger. Dans la relation, toujours, entre les deux soldats ennemis qu’ils sauvent, Ahmed et Nikoi, et que Ivo recueille sous son toit.

Ivo, le patriarche, gardien d’un jardin de mandariniers inondés de soleil, redonne la vie et brandit son pouvoir de la reprendre, intime l’ordre de ne pas tuer et oblige à se connaître, sinon à s’aimer. « Je me suis rendu compte après-coup de la présence des dix commandements, avoue le réalisateur Zaza Urushadze, et surtout de l’injonction à aimer son ennemi qui est le pivot dans cette histoire. C’est ce qui arrive dans le film, Ahmed se surprend à ressentir des sentiments pour Nikoi. »

Avant de préciser : « Pour être franc, j’ai écrit le scénario en deux semaines sans avoir à l’esprit ces motifs. Je pense que l’on ne crée rien d’intéressant si l’on part de schémas préétablis. En revanche, si le film est écrit à partir de ce qui touche, à partir d’un point douloureux, il peut rejoindre des thèmes universels. »

Prendre soin de la vie quand la guerre impose sa loi

La douleur des amis tombés au combat et de la perte de la terre, jamais Zaza Urushadze ne l’enferme dans une identité. Jamais il ne l’édulcore. La violence très vite fait effraction dans ce lieu qu’on avait cru hors du temps. La mort s’invite du dehors, même lorsque son ombre recule à l’intérieur de la maison.

Il n’existe finalement pas d’abri. Comme dans une tragédie, la fin était d’ailleurs écrite dès la première scène : qui a pu croire à la victoire de deux hommes, dont un vieillard, absorbés par une tâche dérisoire alors que tout explose ?

L’absurdité, pourtant, a changé de camp. Prendre soin de la vie, celle d’un fruit qui triomphe par sa couleur du terne champ de bataille comme celle de l’ennemi, n’est-ce pas l’ultime résistance quand la guerre impose sa loi ?

L’humour au coeur du pire

Ici, la tristesse a un magnifique visage décomposé par un rideau quadrillé. L’humour, « un habitus géorgien » sourit Zaza Uru­shadze, surgit au cœur du pire. Le rêve s’envole vers le théâtre, où Ivo rit d’avance de voir Nikoi jouer un jour. Le silence décline sa palette, de la complicité à l’affrontement, rythmé par une mélodie envoûtante qui toujours revient.

Sans doute l’intensité des scènes se nourrit de tout cela comme du jeu formidable des acteurs. Certaines s’inscrivent pour longtemps. Le face-à-face des deux ennemis autour de la table, sommés de faire taire la haine et la rendant pourtant palpable dans leur regard ou le mouvement de leurs mains.

Le festin d’un soir où le rire potache côtoie le désespoir d’Ivo, tout entier ramassé dans ce cri : « La mort les a enfantés ! » Ou encore l’échappée finale d’Ahmed, au son du chanteur géorgien dont Nikoi a réparé la cassette inlassablement, alors que la caméra, s’élevant encore, donne à voir la majesté des montagnes enneigées.

Au commencement du livre qu’il vient de consacrer à l’inimitié et à la guerre, l’historien Achille Mbembe écrit : « Il est vrai, le thème, rugueux, ne se prêtait guère à une note de violon. » Peut-être peut-on exprimer ainsi la magie de Mandarines, ne rien cacher de l’absurde morbidité de la guerre et composer une ode céleste à la vie.
Béatrice Bouniol – La Croix

Ce film est précédé du court métrage

UN OBUS PARTOUT
Film de Zaven Najjar
Animation – France – 2015 – 09’

Beyrouth, 1982. C’est le jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde de football. Pour rejoindre sa fiancée, un jeune Libanais doit traverser un pont contrôlé par l’armée.

SÉANCES

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