POESIA SIN FIN

affiche-poesia-sin-finFilm de Alejandro Jodorowsky
Fantastique, Biopic, drame
– Chili, France – 2016 – 2h08 – VOST
Avec Adan Jodorowsky, Pamela Flores, Brontis Jodorowsky, Leandro Taub, Jeremias Herskovits

Poesía sin fin est une œuvre vibrante, dotée d’une énergie communicative. Un beau chant d’amour à l’art et à la vie.
Bande A part

Le cinéaste déborde d’inventivité. Pas une séquence sans idée !
L’Express

Alejandro Jodorowsky offre au monde, à l’âge de 87 ans, un film d’une force émotionnelle prodigieuse.
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SYNOPSIS

Dans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, « Alejandrito » Jodorowsky, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est  introduit dans le cœur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement.

CRITIQUE

Après “La Danza de la realidad”, récit de son enfance chilienne, le réalisateur reprend court de sa vie rocambolesque à l’âge des fantasmes adolescents. A la Quinzaine des réalisateurs.

La mère d’Alejandro chante toujours ses répliques, comme dans La Danza de la realidad (2013). Et son père, après sa tentative dérisoire d’abattre un tyran, est redevenu un boutiquier qui humilie les pauvres et sa famille. Le héros, lui, a changé : adolescent exalté et chevelu, il renonce à ses études de médecine et veut devenir poète, à la fureur de papa qui ne voit dans les artistes, qu’ils soient peintres, romanciers ou comédiens, que des « pédés » .

Le cinéaste poursuit, avec Poesia sin fin, le récit burlesque, coloré, extravagant de sa vie. Il l’invente, la réinvente en une suite de trouvailles esthétiques, de scènes époustouflantes : le café Iris, par exemple, ce lieu gris aux clients endormis et aux serveurs cacochymes, où il rencontre, un soir, une créature échappée d’Amarcord de Federico Fellini : la poétesse Stella Diaz. Seins opulents et cheveux rouges, elle entame une liaison torride avec ce jeune homme qui l’idolâtre et se balade avec lui dans les rues en le tenant par les couilles – au sens propre du terme.

D’autres silhouettes bizarres surgissent : le cousin amoureux d’Alejandro qui se suicide pour ne pas révéler son homosexualité à ceux qui le savaient déjà. Un gentil clown qui invite le héros en plein marasme à le rejoindre dans son cirque. Et l’ami de toujours, le compagnon de virées nocturnes et alcoolisées qui décide, un beau matin – à jeun ! – de traverser la ville droit devant, sans se soucier du moindre obstacle… On aime, aussi, la réplique, magnifique, d’un nain déclarant à son amoureuse aussi petite que lui, mais éprise d’un plus beau et d’un plus grand : «  Reste avec moi. Nous grandirons ensemble ».

Le film exalte le cinéma magique, celui de Méliès, ses trucages naïfs et l’émotion qui les submerge. Jodorowsky s’en sert pour inciter les spectateurs de tous les films du monde à s’ouvrir à l’imaginaire. Aux fantasmes. A tout ce qui dépasse la réalité. Lors du dénouement, soudain présent sur l’écran, il force celui qu’il a été, jadis, à se réconcilier avec son père – ce qu’il n’a jamais réussi à faire dans la vie. C’est le rôle du cinéma de conserver le passé, de se réconcilier avec lui et, en un sens, de retrouver, comme le temps perdu de Marcel Proust.

Espérons que Dieu laissera le temps à «  Jodo », qui n’est plus tout jeune, de tourner le troisième volet de sa fresque autobiographique : on y verra Alejandro quitter son Chili adoré et dévasté, partir à la conquête de Paris, des surréalistes et d’André Breton…

Pierre Murat – Télérama

SÉANCES

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