Film de Robert Guédiguian
(Drame – France – 2015 – 2h14)
Avec: Simon Abkarian, Ariane Ascaride, Grégoire Leprince Ringuet, Syrus Shahidi …
Berlin, 1921. Talaat Pacha, principal responsable du génocide Arménien, est exécuté dans la rue par Soghomon Thelirian, qui sera acquitté lors son procès par un jury populaire. 60 ans après, Aram, jeune marseillais d’origine arménienne, fait sauter à Paris la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Un jeune cycliste qui passait là par hasard, Gilles Tessier, est gravement blessé. Aram, en fuite, rejoint l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, pendant que Gilles, paralysé, cherche à en savoir plus…
« Si cette histoire commence en 1921 et se termine soixante-dix ans plus tard, elle n’est pas une fresque ni une épopée. Une histoire de fou, tendu du début à la fin par la souffrance provoquée par le génocide des Arméniens, n’est pas non plus une leçon d’histoire, mais plutôt une discussion passionnée, passionnante souvent, sur le souvenir et la vengeance, la justice et le pardon. Pour ce faire, Robert Guédiguian retrouve la palette de L’Armée du crime (2009), le film qu’il a consacré au groupe Manouchian. De nouveau, il navigue à travers les pièges de la reconstitution avec pour boussole sa force de conviction et pour équipage nombre de ses habituels complices. Une histoire de fou commence par l’évocation, simple, efficace et en noir et blanc, du procès de Soghomon Tehlirian qui, à Berlin, en 1921, tira une balle dans la tête de Talaat Pacha, ministre de l’intérieur du gouvernement Jeune-Turc et, à ce titre, l’un des principaux ordonnateurs du génocide de 1915. A cette époque, les responsables du mouvement arménien avaient décidé – explique le scénario de Guédiguian et Gilles Taurand – de mettre à la retraite les jeunes gens chargés d’éliminer les responsables du génocide « pour qu’ils ne prennent pas goût au sang ». Un demi-siècle plus tard, à Marseille, les autorités françaises font pression sur la communauté arménienne pour qu’elle ne commémore pas publiquement le génocide. Face à la résignation des aînés, Aram (Syrus Shahidi), fils des épiciers Hovannès (Simon Abkarian) et Anouch (Ariane Ascaride) Alexandrian, rejoint les partisans de la lutte armée. Son attentat contre l’ambassadeur de Turquie à Paris, prive un jeune passant, Gilles (Grégoire Leprince-Ringuet), de l’usage de ses jambes. S’inspirant de La Bomba, livre du journaliste espagnol José Antonio Gurriaran (Planeta, 1982) lui-même blessé à Madrid en 1980 lors d’un attentat de l’Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie (Asala), Guédiguian entrecroise les parcours de Gilles et d’Aram, entre la France et Beyrouth. Méthodiquement, il met en scène la dérive d’une fraction du mouvement arménien passée des exécutions ciblées aux attentats destinés à forcer par la terreur les gouvernements à rompre avec Ankara. En parallèle, Gilles cherche en lui les ressources pour comprendre, pour éventuellement pardonner, imposant sa présence à la famille Alexandrian, finissant par établir un contact direct avec l’homme qui l’a mutilé. Le duo à distance entre ces deux personnages, qui tiennent leurs rôles à rebours des attentes – la victime est résolue pendant que le guérillero cède au doute –, donne au film son ampleur politique, avant de se résoudre en un paroxysme tragique. »
Thomas Sotinel – Le Monde
Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
vendredi 11 décembre à 21h
samedi 12 décembre à 18h
dimanche 13 décembre à 20h30
lundi 14 décembre à 18h
Lamastre (centre multimédia)
jeudi 10 décembre à 20h30