HEIMAT II – L’EXODE

AFFICHE HEIMATFilm de Edgar Reitz
(Drame / historique – Allemagne – 2013 – 2h08 – V.O.S.T.)
Avec: Jan Dieter Schneider, Antonia Bill, Maximilian Scheidt …

1842-1844, l’histoire de la famille Simon. Johann le père forgeron, Margret la mère, Lena la fille ainée, Gustav et Jakob les fils, Jettchen et Florinchen leurs futures épouses. Les coups du destin risquent de détruire cette famille mais c’est une histoire de courage et de foi en l’avenir. Des dizaines de milliers d’Allemands, accablés par les famines, la pauvreté et l’arbitraire des gouvernants, émigrent en Amérique du Sud. « Un sort meilleur que la mort, ça peut se trouver partout ». Jakob Simon le cadet, lit tous les livres qu’il peut se procurer, il étudie les langues des Indiens d’Amazonie. Il rêve d’un monde meilleur, d’aventure, de dépaysement et de liberté. Il décide d’émigrer. Le retour de son frère Gustav du service militaire dans l’armée prussienne déclenche une série d’évènements qui met à rude épreuve l’amour de Jakob et bouleverse son existence.

« Edgar Reitz n’en finit pas de défier le temps. Sa trilogie Heimat, saga monumentale et mémorable (51 heures et 10 minu­tes !), embrassait l’histoire de dizaines d’habitants d’un village de Rhénanie, à travers les soubresauts du XXe siècle (le nazisme, le Mur, la réunification…). Voilà qu’il remonte au XIXe siècle, avec ce film situé en 1842, toujours dans ce bon village de Schabbach. Fumée et brume, sol boueux ­devant les maisons à colombage, les oies et les poules qui traînent : en quelques plans, on est déjà au côté de la famille Simon. Le père, forgeron, est en colère contre son fils Jakob, le nez encore fourré dans un livre : ça n’aidera pas à nourrir la famille ! D’autant que les temps sont durs, la famine gagne. Pour fuir cette misère aggravée par des nobliaux locaux qui abusent de leurs privilèges, certains prennent le risque de partir en convois, loin, très loin. Vers le Nouveau Monde. Le Brésil surtout, dont Jakob, celui qui devient le héros du film, connaît déjà la langue, celle des Indiens d’Amazonie. Il aime en psalmodier les mots, à la lueur de sa bougie. Instruit, curieux, il espère, lui aussi, partir. Son regard, sa soif de liberté séduisent Jettchen, une jeune fille du village. Si ce n’est qu’au cours d’un bal elle cède aux avances du frère de Jakob, revenu de son service dans l’armée prussienne. Un drame aussitôt effacé par d’autres faits, heureux ou malheureux, qui font la vie du village… Partisan d’une fine distanciation, Edgar Reitz se refuse au specta­culaire, à la psychologie, comme si tout cela obéissait trop à une logique d’aujourd’hui. Retrouver les traces de l’état d’esprit de l’époque, ses aspirations et ses craintes, ses gestes et ses techniques, voilà ce qui l’anime. Sur une durée de deux ans, on voit ainsi la famille Simon et une poignée d’autres villageois, en tout une quinzaine de personnages, travailler la terre, affronter la maladie, survivre, surtout. L’amour compte aussi, mais tout autant que les caprices de la nature, les nombreux deuils, les fêtes, l’exode, la naissance d’un enfant, la construction d’une machine à vapeur. Le réalisateur tire ses personnages vers le haut, unifie les faits et les symboles avec douceur, absence de gravité (malgré la misère qui sévit) et de manichéisme : même s’il y a des conflits entre Jakob, son père et son frère, tous trois restent intimes, aimants. Une bienveillante générosité plane sur cette chronique, au noir et blanc satiné. D’où jaillissent parfois des touches de couleur. Sur la manière de filmer tant les paysages que les métiers, l’anodin que les instants d’éternité, le film offre de superbes moments. (…) Et Jakob ? C’est lui qui porte tous les espoirs, hérités des Lumières. Il s’affranchit, un moment, du giron familial, prend la clef des champs, rejoint sur un radeau descendant le Rhin des étudiants révolutionnaires qui chantent en choeur « Vive la liberté de la République ! » Ce personnage est à la fois un révolté et un sage, un visionnaire à coup sûr, mais en retrait, secret. De là le mystère inhabituel, limpide et impassible, que le réalisateur distille de manière souterraine, tout au long de ce film-fleuve. Jakob est un saint laïc, sacrifié par le destin, mais capable d’améliorer ceux de centaines voire de milliers d’autres. »
Jacques Morice – Télérama

Vernoux (salle Louis Nodon)
samedi 01 février à 18h
dimanche 02 février à 20h30
lundi 03 février à 18h

Lamastre (centre culturel)
samedi 01 février à 20h30
mardi 04 février à 20h30

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