LA CHIENNE

affiche La chienneFilm de Jean Renoir
(Drame – France – 1931 – 1h40)
Avec: Michel Simon, Janie Mareze, Georges Flamant…
Cycle « mémoire du cinéma » en partenariat avec [Les Écrans

Un homme marié, Maurice Legrand, tombe éperdument amoureux de Lulu, une prostituée. Pour qu’elle quitte ce métier, Maurice vole la caisse du magasin où il travaille. Mais lorsqu’il retrouve Lulu elle est dans les bras de Dédé, son souteneur. Jaloux, Maurice la tue. Dédé est accusé du meurtre. Désespéré, Maurice devient clochard.

« Premier long métrage parlant de Jean Renoir, La chienne, adapté d’un roman mineur, est l’une de ses grandes réussites, et un exemple de ce qui a été fait de mieux au début du cinéma parlant. Rescapé du muet tout comme René Clair, Abel Gance, Marcel L’Herbier et quelques autres, Renoir imprime sa griffe d’auteur et exploite les possibilités du sonore dès la première séquence, qui voit un théâtre de Guignols présenter les protagonistes. Le rideau se baissera à la fin du récit, jolie mise en abyme qui sera reprise dans Le petit théâtre de Jean Renoir (1969), son dernier film. Guignol annonce en outre la couleur : les personnages incarneront soit le bien soit le mal, mais avec une frontière floue, relativité à laquelle fera écho l’une des répliques les plus fameuses de La règle du jeu : « Le drame dans ce monde, c’est que chacun à ses raisons ». Avoir fait du pathétique Legrand un peintre du dimanche qui se révèle un artiste majeur n’est évidemment pas un hasard, tant l’héritage d’Auguste Renoir, son père, et le thème de l’art dans le film imprégneront les scénarios de ses futures réalisations, du théâtre du Carrosse d’or aux cabarets de French cancan. Limpide, épurée, linéaire, l’histoire fait la part belle aux contrastes de classes. Caissier docile mais peintre de talent, Maurice n’est reconnu ni par son employeur, ni par son épouse, mégère inculte et sans goût, ni par la communauté des peintres, qui ignore jusqu’à son existence, ni par les marchands d’art, qui respectent ses toiles sans en connaître le véritable auteur, ni surtout par Dédé (Georges Flamant) et Lulu. Elle, entretenue et un temps poule de luxe, symbolise la misère culturelle et une ascension sociale fragile, se montrant autant manipulatrice que victime. Lui est un maquereau sans scrupules, qui a les apparats du nouveau riche, tout en étant méprisé par la bonne société, plus indulgente avec Legrand, à l’existence médiocre mais d’un conformisme apparent. Tout compte fait, ce dernier n’aura pour véritable complice qu’un colonel menant une double vie, et avec lequel il se comporte comme un gamin dans une séquence qui anticipe Boudu sauvé des eaux. Certains passages n’échappent pas au théâtre filmé, notamment ceux montrant les scènes de ménage entre les époux Legrand. Avec le jeu outré de l’actrice Magdeleine Bérubet dans le rôle de Mme Legrand, c’est la seule réserve que l’on apportera. Car La chienne est un véritable trésor du cinéma français, comprenant de nombreuses séquences mémorables, le sommet étant un meurtre filmé de main de maître. Il n’est pas superflu d’ajouter que Renoir est un merveilleux directeur d’acteurs. Michel Simon s’imposa comme l’un des monstres sacrés du cinéma français, en dépit de l’échec commercial du film. Et dans le rôle titre, Janie Marèse compose un splendide personnage de garce, mi ange, mi démon. L’actrice devait disparaître dans un accident sur la route de Saint-Tropez, quelques mois après le tournage. On peut penser que cette étoile filante aurait pu connaître une carrière similaire à Viviane Romance ou Arletty. Le film sera l’objet d’un remake réalisé par Fritz Lang en 1945, La rue rouge. (…). »
Gérard Crespo – àVoir – àLire

Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
lundi 02 mars à 18h

Lamastre (centre culturel)
samedi 28 février à 17h

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