LA VIERGE, LES COPTES ET MOI

Film de Namir Abdel Messeeh
(Documentaire / comédie – France / Égypte – 2012 – 1h31 – V.O.S.T.)
Avec: Siham Abdel Messeeh, Namir Abdel Messeeh …

Officiellement associé au courant de l’autofiction, Namir Abdel Messeeh met en scène sur un mode semi-documentaire son retour à l’Égypte de ses origines. Il a une passion pour sa mère, râleuse mais solidaire, qui est le personnage clé du film. Ce cinéaste de culture franco-arabe livre une comédie sur l’Égypte chrétienne au moment où, après sa récente révolution, le pays est pris en tenailles entre les islamistes et les militaires. D’ailleurs, quelque part dans le film, vraisemblablement tourné avant 2011, une voix off fait grief au cinéaste de son ignorance de ce bouleversement. Cela dit, cet essai drolatique sur la communauté copte, dont fait partie la famille paysanne du cinéaste, est très instructif quant à la vitalité de ce courant chrétien calqué sur la mentalité musulmane (les deux camps vénérant la Vierge Marie, du moins en Égypte). C’est le ton du film, à la fois pince-sans-rire et chaleureux, qui fait son style. Comme d’autres cinéastes arabes, Namir Abdel Messeeh, élevé en France, tire une force humoristique rare de son déracinement. Le contraste entre tradition égyptienne et modernité européenne lui permet de porter un regard à la fois tendre et critique sur sa famille et les archaïsmes de sa communauté. Parti pour faire une enquête sur les apparitions de la Vierge en Égypte, notamment celle de 1968 (possible supercherie du régime de Nasser), le cinéaste ne trouve guère de témoins et bifurque vers sa famille modeste, qui vit à la campagne, au grand dam de sa mère et de son producteur, qui lui coupe les vivres. Une fois sa mère devenue gestionnaire du projet, Namir Abdel Messeeh décide de mettre en scène une apparition fictive de la Vierge avec des paysans du cru. L’impréparation chronique et les ratages fournissent l’essentiel du récit. L’humour et la légèreté du film sont alimentés par ces échecs successifs, qui contraignent le cinéaste à rester alerte et à rebondir constamment. Comme il le dit très bien lui-même, “l’échec est une matière nourrissante”. Cette capacité à se remettre en question, à savoir improviser et changer son fusil d’épaule en cours de route est, contrairement à ce que dit son producteur en voix off, sa plus grande force. On peut même prédire que, grâce à cette fantaisie et cette faculté d’adaptation permanentes, Namir Abdel Messeeh va devenir un des réalisateurs de comédie avec lesquels il faudra compter.

Ce film est précédé du court métrage (uniquement à Vernoux):
LA FILLE EN FACE
Film de  Renaud Callebaut (Fiction – Belgique – 2010 – 8’30 » – sans dialogue)

Dans une salle de bains, une jeune femme se prépare. Ses gestes attentionnés et précis confèrent à ce rituel quotidien un caractère sacré, que la caméra ‘ fixe et rapprochée ‘ ne saurait troubler. Cette scène légèrement sensuelle se clôt par un trait de khôl, soulignant le regard de cette femme que ni le spectateur ni les autres passagers du bus dans le plan suivant ne croiseront. Ce raccord sur un regard fuyant et inaccessible est d’autant plus terrible que le film s’ouvrait sur un moment intime et complice et qu’il se referme, en public, sur cette même femme, désormais voilée et indifférente.

Bande annonce

Lamastre (centre culturel) :
jeudi 06 décembre à 21h
vendredi 07 décembre à 21h

Vernoux (salle Louis Nodon) :
samedi 08 décembre à 18h
lundi 10 décembre à 21h

Chalencon (salle polyvalente) :
dimanche 09 décembre à 20h30

St Jean Chambre (espace Balmont) :
mardi 11 décembre à 20h30