LES CROIX DE BOIS

affiche Les croix de boisFilm de Raymond Bernard
(Historique / guerre – France – 1932 – 1h46)
Avec: Pierre Blanchar, Gabriel Gabrio, Charles Vanel …
Cycle « mémoire du cinéma » en partenariat avec [Les Écrans

 Dans la ferveur et l’exaltation du début de la guerre, Demachy, encore étudiant, répond à l’appel sous les drapeaux. Il rencontre Sulphart, Bréval, Bouffioux et les autres, autrefois ouvrier, boulanger, cuisinier, désormais unis sous le nom de soldat. Ensemble, ils vont rire, ensemble ils vont se battre, ensemble ils vont perdre espoir, noyés sous une tempête de feu, d’acier et d’absurdité. Dans la brume des tranchées défigurées par les canons, les soldats font face à la cruauté de la vie quotidienne, l’attente du courrier qui déchire les cœurs, la terreur des mines cachées, les camarades qui tombent. Tandis que fleurissent les croix de bois sur les tombeaux à ciel ouvert, Demachy finit par perdre ses idéaux.

« Ce classique du film de guerre est, avec Les Misérables (1934), la meilleure œuvre de Raymond Bernard, artisan inspiré qui avait débuté avec le cinéma muet. Le film est l’adaptation du roman éponyme du journaliste et écrivain Roland Dargelès, qui s’inspirait lui-même de ses notes personnelles pendant la Première Guerre mondiale. Ce récit du parcours mental d’un soldat idéaliste est dans le prolongement thématique des deux modèles hollywoodiens que furent La grande parade (K. Vidor, 1925) et surtout À l’ouest rien de nouveau (L. Milestone, 1930). Il s’agissait de montrer l’horreur de la guerre du regard des premiers concernés, à savoir les combattants eux-mêmes. Pour ancrer son film dans un cadre réaliste, Raymond Bernard s’est entouré d’acteurs et de figurants ayant été soldats pendant la Grande Guerre, refusant les jeunes recrues proposées par l’Armée, le réalisateur les trouvant inexpérimentées et peu crédibles. Ce fut par ailleurs un tournage difficile, sur les lieux des véritables combats, et il arrivait que des cadavres de soldats et des obus non éclatés remontent à la surface. Les Croix de bois a un scénario audacieux. Pas de véritable narration à proprement parler, mais une chronique des tranchées, avec ses moments d’angoisse et d’horreur, mais aussi de camaraderie et de repos du guerrier. Une lettre de fiancée ou d’épouse, une rare et précieuse permission prodiguent un éphémère repos du guerrier, quand les croix de bois sur des tombeaux à ciel ouvert rappelant l’imminence de la mort. Certaines scènes entre les soldats anticipent La grande illusion (J. Renoir, 1937), notamment de par la solidarité au-delà des différences d’âges et de classes. C’est perceptible dans les rapports entre Demachy (Pierre Blanchar), destiné à une carrière de juriste, et le caporal Breval (Charles Vanel), pâtissier dans le civil. Quant à l’idéalisme du premier, il dévie de plus en plus vers une perte de repères qui le conduit à un sentiment de déchirement intérieur. Point de contestation pour autant de la part de Demachy et ses pairs. Il n’est guère fait allusion aux mutineries, et Les Croix de bois ne se veut pas explicitement polémique. Le film est donc moins proche de la critique sociale des Sentiers de la gloire (S. Kubrick, 1957) que de l’humanisme désenchanté de Johnny s’en va-t-en guerre (D. Trumbo, 1971). Le film ne fut d’ailleurs l’objet d’aucune censure et a même pu être perçu comme une œuvre patriotique sur le sacrifice des soldats. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que la date de sa reprise en salle soit le 12 novembre 2014, le lendemain du centenaire de l’armistice, choix qui révèle le caractère consensuel d’un film commémoratif. Techniquement, l’œuvre est superbe et certaines scènes de combat feraient rougir le Spielberg de Il faut sauver le soldat Ryan (1998), de par leur authenticité et la rigueur du montage. Et Les Croix de bois recèle bien des trouvailles, à l’image de ces surimpressions sur les champs de bataille. Seule une séquence de recueillement dans une église, Ave Maria en fond sonore, a légèrement vieilli. Pierre Blanchar, torturé, expressif, accéda avec ce film au vedettariat. Il faut redécouvrir cet acteur aujourd’hui oublié et qui fut important. À ses côtés, la sobriété de Charles Vanel et le professionnalisme de Gabriel Gabrio constituent un autre atout de la distribution. Mais il faudrait citer tous les interprètes, de l’illuminé Antonin Artaud au gouailleur Raymond Aimos, en passant par Paul Azaïs, René Bergeron ou Jean Galland. (…) »
Gérard Crespo – Àvoir – Àlire

Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
dimanche 23 novembre à 20h30
lundi 24 novembre à 18h

Lamastre (centre culturel)
mardi 25 novembre à 20h30

Saint Félicien (salle des fêtes)
vendredi 21 novembre à 15h30 (séance en partenariat avec les maisons de retraite de St Félicien et La Louvesc)
vendredi 21 novembre à 20h30

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