LES VISITEURS DU SOIR

Les-visiteurs-du-soir_portrait_w858Film de Marcel Carné
(Drame / Fantastique – France – 1942 – 1h50 – noir & blanc )
Avec : Arletty, Fernand Ledoux, Marie Déa, Simone Signoret …
Cycle « mémoire du cinéma »

Satan délègue, sous l’apparence de ménestrels, deux de ses suppôts, Dominique et Gilles, pour semer malheur et destruction sur Terre en l’an de grâce 1485. Alors que Dominique réussit sa mission en soumettant à son emprise séductrice le baron Hugues et Renaud, le fiancé de sa fille Anne, Gilles faillit à sa tâche en succombant amoureusement devant la pureté d’Anne à laquelle il ne devait apporter que tourments. Leur amour déchaîne le courroux de Satan qui intervient en personne pour achever son œuvre de désolation comme il l’entend. Marcel Carné fait partie de ces metteurs en scène rapidement élevés au rang de mythe mais largement décriés depuis. Réalisé en 1942, soit sous l’Occupation, Les Visiteurs du soir fait partie des longs-métrages qui ont, a posteriori, largement contribué au travail de sape entamé par la Nouvelle Vague.  Il faut dire que l’on n’a jamais cessé de s’interroger sur les motivations de ceux qui continuaient d’exercer leurs activités artistiques sous l’Occupation, parsemant leurs œuvres d’un sous-texte ironique et allégorique ou, au contraire, arguant d’une neutralité signe d’une complaisance plutôt mal venue. Forcément, lorsque Carné entreprend la réalisation d’un film fantastique censé se dérouler en 1485, ses détracteurs y voient là le désir manifeste de se tenir à l’écart sur le plan temporel du drame qui se joue alors en Europe. Pourtant, cette histoire de diable envoyant deux de ses complices dans un château moyenâgeux pour y contrarier équilibre familial et affectif peut très facilement être interprétée comme une dénonciation de l’Occupant. Le Mal y est représenté comme sournois, capable de revêtir ses plus beaux habits et de promettre la distraction pour finalement anéantir l’humanité des personnages. Celui d’Anne, défini comme pur et romantique par opposition à son entourage vil et moqueur, déjoue le programme en séduisant sincèrement l’un des anges exterminateurs. Leur amour naissant, contrarié par les forces maléfiques, fut à l’époque perçu comme une métaphore de la Résistance. Leur obstination et leur capacité à transcender leurs limites physiques flirtent quant à elles avec le surréalisme qui célébrait quelques années plus tôt L’Amour fou. De là à voir dans Les Visiteurs du soir un brûlot politique comme il était de toutes façons très difficile d’en réaliser à l’époque, il n’y a qu’un pas que nous ne ferons pas. Grâce à la restauration dont il fit l’objet, le film est aujourd’hui projeté dans un noir et blanc éclatant. Au château comme dans ses environs, tout est prétexte aux jolis tableaux, le réalisateur employant à bon escient les décors qui lui étaient offerts.

Vernoux (salle Louis Nodon)
samedi 20 avril à 21h
lundi 22 avril à 18h

Lamastre (centre culturel)
mardi 23 avril à 21h

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