MAUDITE PLUIE!

affiche maudite pluieFilm de Satish Manwar
(Comédie dramatique – Inde- 2011 – 1h35 – V.O.S.T.)
Avec: Girish Kulkarni, Sonali Kulkarni, Jyoti Subhash…
film programmé dans le cadre d’une journée spéciale sur l’Inde (lien)

Kisna et Alka s’aiment et affrontent ensemble le sort difficile que leur réserve leur vie d’agriculteurs dans la région du Maharashtra, en Inde. En effet, les sécheresses à répétition poussent un grand nombre de paysans ruinés au suicide. Alka, craignant que son mari ne subisse le même sort, convainc son entourage d’établir une « garde rapprochée » pour veiller sur lui. Malgré la sécheresse redoutée, Kisna continue à cultiver sa terre, mais chacun de ses faits et gestes est désormais au centre des plus grandes inquiétudes. Surtout lorsque la pluie tarde à arriver…

« Entre 1997 et 2007, 187 000 fermiers se sont suicidés en Inde. Une situation catastrophique qui revient régulièrement hanter les pages des journaux nationaux, sans qu’aucune mesure drastique ne soit prise (…) . Dettes auprès de prêteurs peu scrupuleux, famine et sécheresse hantent le quotidien des campagnes indiennes depuis des dizaines d’années, et la mort semble toujours encore la meilleure solution ; mais depuis que le gouvernement indien octroie une compensation aux veuves des « suicidés », il semble que le phénomène ait redoublé d’ardeur. Nul besoin de se rendre au fin fond du sous-continent pour trouver les tristes héros de Maudite Pluie ! Satish Manwar a tourné son film dans l’État du Maharashtra, qui a pour capitale celle que l’on a surnommée la « New York de l’Inde », Bombay. Et Bollywood est bien le cadet des soucis de Satish Manwar. Sans chansons et danses pour atténuer la violence de son propos, mais sans misérabilisme non plus, il montre que le cinéma marathi a encore beaucoup de choses à dire. (…) Maudite Pluie ! s’inscrit dans cette veine d’un cinéma indien artistique vivant, mais invisible faute d’une distribution nationale correcte. L’objectif est clair : évoquer certains problèmes de la société indienne contemporaine, loin de intemporalité et de la féérie du cinéma commercial. Satish Manwar, dont c’est le premier film, a choisi une réalité scandaleuse. Pas question pour lui de s’appuyer sur cette tragédie pour construire un mélodrame larmoyant : il y a même un certain humour noir dans cette histoire (…). Et on est suspendus à un véritable suspense : Alka parviendra-t-elle à sauver son époux ? De fait, si Satish Manwar nous révèle tout des inquiétudes de la jeune femme, les pensées de l’homme nous sont, autant qu’à elle, complètement hermétiques, jusqu’au moment final, où l’on réalise qu’il est peut-être manipulé par des rapaces tirant leur beurre de son désespoir. Nombre de films évoquent la dépendance de l’homme à la nature ; le cinéma indien ne fait pas exception, dans un pays où les trois quarts de la population vivent de l’agriculture et des trois mois de mousson annuels sans lesquels l’espoir est perdu. Quand la première pluie tombe et que le jeune fils, réveillé par cette soudaine averse, la maudit pour l’avoir mouillé alors qu’il dormait à l’extérieur, son père le bat comme si ce juron pouvait leur porter malheur auprès de la nature. Aucune exaltation ne vient pourtant s’emparer des héros : la pluie, source de vie, peut être aussi source de mort, si l’orage est trop violent. Mais l’on reste pendu aux bulletins météorologiques, un retard de quinze jours de la mousson pouvant être également fatal. Si la tragédie couve – l’ouverture du film sur un homme pendu semble la présager –, le ton du film n’est ni misérabiliste, ni lourd et n’impose pas de « message » politique. Dans la pure tradition indienne, c’est la fatalité qui dirige la vie de nos deux héros ; les cris et les larmes de la femme sont rendus muets, car ils n’ont pas assez de force pour être entendus. Et le petit garçon sur lequel s’achève le film avance tranquillement sans savoir qu’il connaîtra sans doute dans quelques années le même destin que son père. Que faire en effet quand la cruauté des hommes et celle de la nature se sont liguées pour rendre vain tout effort de survie ? »
Ophélie Wiel – Critikat

Lamastre (Centre culturel)
dimanche 15 septembre à 20h30

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