MUSTANG

Affiche MustangFilm de Deniz Gamze Ergüven
(Drame – Turquie – 2015 – 1h37 – V.O.S.T.)
Avec: Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit İşcan …

C’est le début de l’été. Dans un village au nord de la Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant innocemment avec des garçons. La débauche supposée de leurs jeux suscite un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

« Contre l’obscurantisme religieux, il est bien vu de riposter par des fables de grand sage – preuve encore avec Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, récompensé de sept César. Rien de plus éloigné de cette posture que Mustang, sorte de cavalcade polissonne et féminine, joyeuse et enragée, accueilli à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes par une escalade d’applaudissements. Ce premier long métrage d’une jeune Franco-Turque, née à Ankara et diplômée de la Fémis, nous immerge dans le monde damné des jeunes filles mariées de force. Nord de la Turquie, aujourd’hui : cinq sœurs toutes plus jolies les unes que les autres, âgées peut-être de 11 à 17 ans, vivent inconscientes de leur bonheur qui va prendre fin, sous la coupe d’une grand-mère tradi et d’un oncle autoritaire. Leurs batifolages avec des garçons du voisinage leur sont reprochés : on accélère le processus de leurs épousailles. C’est alors une ombre gigantesque portée sur cette sororité, où l’on prend mari comme on va à l’échafaud. L’incontestable réussite de Mustang tient au filmage des sœurs, corps collectif superbement fluide et chatoyant, bouquet de “jeunes filles en fleurs” telles qu’on les trouve de Proust à Sofia Coppola. Mais il existe chez Deniz Gamze Ergüven un vitalisme, une scénographie vitaminée qui, à chaque instant, émeut et égaie l’œil, nous attrape. Trait qui range le film du côté d’un “féminisme joyeux”, expression utilisée par Agnès Varda pour qualifier la couleur de ses propres films, et par capillarité Mustang, dont la doyenne des cinéastes n’a pas manqué de faire la publicité sur la Croisette alors qu’elle y recevait sa Palme d’honneur. On a bien tenté de reprocher au film sa légèreté, son infidélité à un réel autrement plus sombre. C’est gommer un peu vite sa noirceur – les sociétés liberticides, la mort parfois comme seule échappatoire –, renforcée justement par le contraste entre un corsetage moral et cette sorte de grâce ouatée de l’enfance, jusqu’à la dispersion du petit groupe, en cinq identités distinctes, avec chacune un destin plus ou moins enviable à la clé. Sans diaboliser le mariage arrangé (l’une des sœurs y trouve son compte de câlins et de baisers), la réalisatrice dénonce une tradition nuisible dès lors qu’elle se meut en tyrannie, en prison. Une menace illustrée lors de cette très belle séquence où les sœurs cloîtrées transforment leur geôle en refuge contre le monde extérieur. C’est alors les autres qui sont désignés en vrais captif d’une doctrine morale et religieuse. Il faudra toute la pugnacité costaude d’une petite fille (toutes les actrices sont formidables) pour trouver le chemin de la liberté. »
Emily Barnett – Les Inrocks

Ce film est précédé du court métrage
ACTION VÉRITÉ
Film de François Ozon
(Fiction – France – 1994 – 04’)

Deux filles et deux garçons jouent à ‘Action vérité’. Tout est permis.

Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
samedi 15 août à 21h
dimanche 16 août à 18h
lundi 17 août à 21h

Lamastre (centre culturel)
vendredi 14 août à 21h
mardi 18 août à 21h

Chalencon (salle polyvalente)
dimanche 16 août à 20h30

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