Film de Claude Barras
Animation, drame – France, Suisse – 2016 – 1h06
Avec les voix de Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud, Michel Vuillermoz, Raul Ribera
A partir de 6 ans
Cristal du long métrage et prix du public festival d’animation Annecy 2016
1er prix festival du film francophone Angoulême 2016
Une perle du cinéma d’animation.
L’Express
Réalisé en « stop motion » avec des marionnettes, le film, à partir d’un sujet pas facile, se révèle capable de faire rire, pleurer et soulever l’enthousiasme de tous, adultes comme enfants. Une merveille pleine d’humanité.
Le Parisien
Entre la poésie intimiste d’un Tim Burton et la force sociale d’un Ken Loach en herbe, Claude Barras pétrit le malheur pour lui donner la forme, éclatante et joyeuse, de l’espoir. Et c’est bouleversant, à n’importe quel âge.
Télérama
SYNOPSIS
Courgette n’a rien d’un légume, c’est un vaillant petit garçon. Il croit qu’il est seul au monde quand il perd sa mère. Mais c’est sans compter sur les rencontres qu’il va faire dans sa nouvelle vie au foyer pour enfants. Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice : ils ont tous leurs histoires et elles sont aussi dures qu’ils sont tendres. Et puis il y a cette fille, Camille. Quand on a 10 ans, avoir une bande de copains, tomber amoureux, il y en a des choses à découvrir et à apprendre. Et pourquoi pas même, être heureux.
CRITIQUE
C’est une simple photo où sept gosses font les andouilles sur le palier de leur foyer social. Ils ont toutes les raisons d’être tristes, mais ils lèvent les bras au ciel parce qu’à 10 ans, avoir des copains, ça aide, et ça réchauffe comme une famille. Ce plan de Ma vie de Courgette est ce qu’on a vu de plus émouvant sur un écran depuis longtemps. Le film commence fort : le petit Icare vit seul avec sa maman qui aime beaucoup la bière et qui « part au ciel ». Elle le surnommait Courgette, c’est ainsi qu’il tient à être appelé dans ce foyer où il atterrit au milieu d’autres gamins blessés par la vie. Comme Simon, qui joue au dur pour tenir le coup ou Béatrice dont la mère a été reconduite à la frontière. Sans oublier Camille, la jolie fillette un peu garçon manqué, qui trouve la plus belle forme de résilience à son grand malheur : sourire aux autres.
Le charme de ces petites marionnettes animées opère, avec leurs yeux immenses, si expressifs, ouverts sur un monde qui, jusque-là, ne leur a pas fait de cadeaux. Claude Barras les anime image par image, en stop motion comme s’il dirigeait de vrais acteurs, et imagine de superbes plans-séquences dans un décor à la tristesse pimpante, à la fois contemporain et intemporel comme ces jeux de construction en bois qui continuent à faire rêver les gamins d’aujourd’hui. Fruit d’un travail colossal (presque deux ans de tournage avec plus d’une centaine de techniciens et d’artisans), chaque détail devient saillant, essentiel : un demi-sourire mélancolique, une canette de bière, un cerf-volant, des assiettes de frites dans le petit réfectoire, une mèche de cheveux qui barre le visage d’une blondinette traumatisée. Ou encore ce petit tableau où des nuages et des soleils donnent, au quotidien, la météo des émotions des pensionnaires du foyer.
Avec Tomboy, Céline Sciamma avait su se mettre dans la peau d’une fillette qui cherche sa place dans le monde. Auteur du scénario qui s’inspire du livre de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette, elle est portée par la liberté que permet le cinéma d’animation. Elle se place à hauteur de gosses de 10 ans, de leurs blessures, mais aussi de leur imagination et de leur humour en refusant les clins d’oeil aux adultes (le péché mignon de l’animation actuelle). A travers ces sept personnages, elle aborde avec tact les violences subies par les enfants : maltraitances parentale et sociale, abandon ou décision de justice inique… Des drames, certes, mais pour mieux mettre en lumière la résistance de l’enfance et sa capacité de reconstruction en bande : lors d’un voyage à la montagne, il suffit d’une luge, d’un bonhomme de neige et d’une boum où l’on se trémousse comme des dingues sur Bérurier noir pour que renaisse l’insouciance. D’autant qu’il existe, tout de même, de gentils adultes, comme Raymond, le policier paternel, pour vous bricoler une famille, un avenir où l’on n’est plus seul au monde. Entre la poésie intimiste d’un Tim Burton et la force sociale d’un Ken Loach en herbe, Claude Barras pétrit le malheur pour lui donner la forme, éclatante et joyeuse, de l’espoir. Et c’est bouleversant, à n’importe quel âge.
Guillemette Odicino – Télérama
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