Film de Bernard Stora
(Dramédie – France – 2014 – 1h33)
Avec: Line Renaud, Pierre Vernier, Nicolas Lumbreras, Pierre Yvon, Barbara Bolotner, Doudou Masta …
Téléfilm présenté en avant-première en présence du réalisateur. Entrée gratuite
Alerte octogénaire, Clémence pourrait vivre heureuse dans sa jolie maison campagnarde, entre son chat et la photo de son défunt mari. Mais chaque trimestre, le jour où elle touche sa pension, son neveu Charlie, accompagné d’amis peu recommandables, débarque chez elle pour la détrousser, semer la panique et terroriser son chat. Lorsque celui-ci succombe aux mauvais traitements, Clémence, longtemps résignée, se révolte et passe à l’offensive. Face à Line Renaud et Pierre Vernier en éternel soupirant, un quatuor de jeunes comédiens fait souffler un vent de folie sur cette comédie déjantée. A la fois victime innocente et tueuse de sang froid: un rôle taillé à la perfection pour Line Renaud, dans cette comédie noire adaptée d’un roman d’Arto Paasilinna. Si l’humour l’emporte, l’émotion n’est pas absente et Bernard Stora donne au récit une coloration fantastique qui en fait toute l’originalité.
« Arto Paasilinna excelle à raconter des choses horribles sur un ton burlesque. Plus que tout autre chose, ce mélange insolite m’a donné envie d’adapter La douce empoisonneuse. Le merveilleux y côtoie le réalisme le plus trash, le cynisme flirte avec la poésie, l’émotion avec la dérision. Du drame ou de la comédie, qui l’emporte ? On ne sait pas. Cheminer sur cette mince ligne de crête est à la fois dangereux et excitant. Une autre raison a été déterminante. Après Suzie Berton, après Isabelle disparue, je cherchais une nouvelle occasion de travailler avec Line Renaud. Par certains côtés, Clémence, qu’elle incarne avec un si grand talent dans La douce empoisonneuse, est une variation autour d’un même personnage. Celui d’une femme qui s’est fabriquée, au fil du temps, un storytelling très éloigné de sa véritable personnalité. Soucieuse de respectabilité, elle est du côté de l’ordre, un ordre qu’elle ne cesse de transgresser. Coupable, elle se croit innocente et n’en démord pas. Elle tue parce qu’elle ne sait pas aimer. Mais ici, à la différence des précédents films que nous avons tournés ensemble, nous sommes dans un univers de fantaisie et Clémence, par son culot à toute épreuve, par sa cruauté candide, par son mentir-vrai, fait rire en même temps qu’elle effraie. Troisième raison d’adapter La douce empoisonneuse, le thème de l’adoption, auquel j’ai donné plus d’importance qu’il n’en a dans le livre de Paasilinna. Clémence, qui souffre de ne pas avoir pu avoir d’enfant, a élevé Charlie qu’elle croit être le neveu de son mari. Elle lui a donné, bébé, tout l’amour dont elle était capable. Mais au fur et à mesure qu’il grandissait, elle a pris conscience qu’il était un étranger pour elle et elle l’a rejeté. Charlie, de son côté, comme tous les enfants exclus, n’a jamais cessé d’espérer qu’il parviendrait, un jour, à se faire aimer de cette mère de substitution, vénérée et haïe à la fois. Il y a là, par-delà la cocasserie des situations, une noirceur qui confère à ce divertissement une profondeur inattendue. « Les Finlandais ne sont pas pires que les autres, mais suffisamment mauvais pour que j’ai de quoi écrire jusqu’à la fin de mes jours », soutient Arto Paasilinna, jamais avare de paradoxes. Cette caractéristique, loin d’être propre aux Finlandais, les rapproche de bien d’autres peuples et ouvre des perspectives infinies à l’imagination. »
Bernard Stora, réalisateur
Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
samedi 29 novembre à 20h30