Film de Jean-Paul Rappeneau
(Comédie dramatique – France – 2015 – 1h53)
Avec: Mathieu Amalric, Gilles Lellouche, Nicole Garcia, Karin Viard, André Dussollier …
Jérôme Varenne, qui vit à Shanghai, est de passage à Paris. Il apprend que la maison de famille d’Ambray où il a grandi est au coeur d’un conflit local. Il décide de se rendre sur place pour le résoudre. Cette échappée provinciale changera sa vie…
« Le dynamique Jérôme Varenne (Mathieu Amalric) est un homme d’affaires ambitieux qui vit à Shanghai depuis des années. La signature d’un contrat avec des Anglais le ramène en Europe. Il profite de l’occasion pour passer par Paris et rendre visite à sa famille (sa mère Nicole Garcia et son frère tête à claques Guillaume de Tonquédec), qu’il n’a pas vue depuis très longtemps. Il apprend alors que la demeure familiale est l’objet d’un litige judiciaire avec la mairie. Sa famille n’a plus le droit d’y accéder. Sans réfléchir, il fonce tenter de résoudre le problème. Au plus vite, croit-il. Mais Varenne va faire la connaissance d’une jeune femme, Louise (Marine Vacth), qui se trouve être la fille de la dernière compagne de son père, aujourd’hui décédé. Un père que Jérôme a toujours craint. Jean-Paul Rappeneau est un cinéaste si rare – huit longs métrages en cinquante ans de carrière au cinéma – qu’il est peut-être nécessaire de rappeler brièvement qui il est. Il a débuté comme scénariste. Il est notamment le coscénariste de L’Homme de Rio ou du Magnifique de Philippe de Broca. Il a aussi travaillé avec Alain Cavalier (Le Combat dans l’île). Et puis il est passé à la réalisation au milieu des années 60. Cela donne deux merveilles avec une déjà grande actrice, La Vie de château et Le Sauvage, où il est le premier à exploiter à son maximum la rapidité d’élocution et les dons comiques de Catherine Deneuve. Il exploite aussi ceux de Marlène Jobert et de Belmondo dans Les Mariés de l’an II, d’Isabelle Adjani dans Tout feu, tout flamme. Il obtient un triomphe avec deux films, deux adaptations d’œuvres littéraires célèbres (Edmond Rostand puis Giono) qui sont loin d’être ses meilleurs : Cyrano de Bergerac avec Depardieu, puis Le Hussard sur le toit avec Binoche. Et puis, fort injustement, écrit avec Modiano, le très beau Bon voyage, en 2003, est un échec. Depuis, pas de nouvelles sinon de mauvaises (un projet qui coule en cours de route). Rappeneau, qui a aujourd’hui 83 ans, est à la fois un narrateur méticuleux, un directeur d’acteurs exigeant, et un réalisateur de films qui ont du style, de la tendresse pour ses personnages. Même dans la comédie, il ne tombe jamais dans la vulgarité (ce qui n’était pas le cas de son défunt ami de Broca, hélas). Un fond de tristesse empêche toujours ses comédies romantiques de n’être que comiques. Tout en essayant de faire du cinéma populaire, il prend le temps de sonder les douleurs qui habitent ses personnages (Montand dans Le Sauvage). Plus encore que Bon voyage, Belles familles est une belle réussite. Pourquoi ? Un sujet actuel (des fratries, des amitiés, des couples qui éclatent et se recomposent autour de l’héritage d’une demeure familiale), du style (oui, une fois de plus), de la joie et de la tristesse (l’amour qui finit, l’enfance qui remonte), mais une tristesse qui ne s’exprime jamais aux dépens de la comédie. Le tout parfaitement construit, mené à un rythme trépidant, avec des acteurs plus séduisants les uns que les autres (on n’avait pas vu Nicole Garcia aussi drôle depuis très longtemps et même Gilles Lellouche parvient à être touchant). C’est du travail d’artisan de précision, rondement mené. Et puis il y a ce fantôme de père sévère qui apparaît régulièrement dans la vieille maison provinciale pour venir hanter Jérôme Varenne. Qui était-il vraiment, ce médecin apparemment austère ? Ne se sont-ils pas ratés, tous les deux ? Grâce à la belle Louise, la figure d’un docteur Varenne différent (plus détendu, plus aimant) apparaît, et Jérôme en est tout tourneboulé. Comme nous le sommes nous aussi, par ces motifs, ces auto-citations de son œuvre que Rappeneau fait régulièrement remonter du passé, qui réveillent notre nostalgie et font revivre nos fantômes de cinéma : une belle maison que tout le monde s’arrache (La Vie de château), deux hommes qui se battent pour la même femme (Les Mariés de l’an II), deux amoureux qui courent dans les bras l’un de l’autre (la fin du Sauvage), etc. Des images revisitées, des années après, par de nouveaux acteurs, qui s’expriment forcément différemment et se superposent à l’image des acteurs d’autrefois. Voilà. On peut faire du cinéma populaire, “commercial” comme on disait jadis, et de la qualité en même temps. Rappeneau en est la preuve vivante. »
Jean-Baptiste Morain – Les Inrocks
Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
mercredi 28 octobre à 20h30
samedi 31 octobre à 21h
dimanche 01 novembre 20h30
lundi 02 novembre à 18h
Lamastre (centre multimédia)
vendredi 30 octobre à 21h
dimanche 01 novembre à 17h