BLUE RUIN

affiche Blue RuinFilm de Jeremy Saulnier
(Thriller – USA – 2014 – 1h32 – V.O.S.T.)
Avec: Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves …
Interdit aux moins de 12 ans

Un vagabond solitaire voit sa vie bouleversée par une terrible nouvelle. Il se met alors en route pour la maison de son enfance afin d’accomplir sa vengeance… Se faisant assassin amateur, il est entraîné dans un conflit brutal pour protéger sa famille qui lui est étrangère.

« C’est une “maison” bleue, échouée sur une plage de Virginie. On y vient à pied, mais la comparaison avec l’autre, adossée à une colline de San Francisco, s’arrête là. Nettement moins accueillante, criblée de balles (on saura pourquoi après une heure de film), délabrée, rouillée, mais surtout dotée d’un moteur et de quatre roues, cette Pontiac bleue en ruine appartient à Dwight Evans, hobo hébété qui en fit son home sweet home après l’assassinat (manifestement traumatique) de ses parents. Lorsqu’il apprend que le meurtrier sort de prison après vingt ans de réclusion, il décide de se venger. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. En revanche, tout se passe comme il se doit, in real life. Car si tuer quelqu’un peut être d’une stupéfiante facilité pour qui y est exercé – la vague de tueries post-Aurora aux Etats-Unis le rappelle presque tous les mois –, ce peut être une tannée pour un type pas très habile. Une victime, ça résiste, ça saigne, ça s’enfuit, ça se débat – et ça débat aussi, parfois, comme dans cette scène de négociation absurde dans le coffre d’une voiture, plus goguenarde qu’hilarante, à l’image du film dans son ensemble. Jeremy Saulnier, dont c’est le deuxième long métrage, filme le parcours vengeur comme un long cauchemar éveillé, une descente aux enfers grotesque et titubante. Il y a à l’évidence du Coen (Blood Simple et Fargo, surtout) dans cette férocité tragi-comique, dans cette fascination pour le ratage implacable, et dans cette Amérique détraquée où l’innocence finit dévorée par le désespoir. Mais on reconnaît également là un geste très contemporain, partagé par nombre de jeunes cinéastes indépendants remarqués lors de festivals  depuis quelques années […]. Tous, pour le dire vite, filment avec une douceur trompeuse un pays engourdi, un pays de zombies où les cris (et les SOS) ne semblent plus porter (et partent dans les airs). Ce n’est pas un hasard si Macon Blair, fabuleux comédien au regard ahuri et à la démarche droopyesque, passe tout le film à squatter de maison en maison (celle qu’il cambriole, la sienne, celle de sa sœur, celle des assassins) sans réussir à se fixer nulle part : il n’y a nulle part où demeurer. La ruine bleue – expression peu courante qui signifie aussi “débâcle” en anglais – est celle du drapeau américain, dont les étoiles ne sont plus en vérité que des trous de mites, et les bandes rouges des traînées de sang. Dans les seventies, au retour du Vietnam, l’impression dominait que la maison était en flammes ; depuis, on l’a reconstruite, elle tient à peu près debout, mais elle est invivable. Et tout ce qui reste à partager, finit par constater Saulnier, ce sont des cartes postales, clichés d’un ancien temps qui de toutes les façons arriveront trop tard dans la boîte aux lettres. »
Jacky Goldberg – Les Inrocks

Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
samedi 23 août à 18h
dimanche 24 août à 20h30
lundi 25 août à 21h

Lamastre (centre culturel)
mercredi 20 août à 21h
mardi 26 août à 21h

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