Film de Quentin Tarantino
(Western – USA – 2013 – 2h44 – V.O.S.T. & V.F.)
Avec : Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Samuel L. Jackson …
Film interdit aux moins de 12 ans
On avait quitté Tarantino sous l’Occupation, à Paris : c’est là que ses Inglourious Basterds réglaient son compte à Adolf Hitler, faisant disparaître le dictateur nazi dans un cinéma en flammes. Nous sommes ici en 1858, au cœur du Sud des États-Unis. Une terre d’esclavage où les comptes à régler ne manquent pas pour le Dr King Schultz, un chasseur de primes, et pour l’esclave noir qu’il a libéré de ses chaînes, Django. Fidèle à son travail de remise à jour du cinéma de genre, Tarantino passe du film de guerre avec Inglourious Basterds au western avec Django unchained. Après avoir revisité le film d’arts martiaux (Kill Bill) et bien sûr les histoires de gangsters (Reservoir Dogs, Pulp Fiction). Sous sa fantaisie provocatrice, sa vision de la Seconde Guerre mondiale s’affrontait au bien et au mal, guidée par une envie de venger les victimes et de punir les bourreaux. Avec ses justiciers de western, Django unchained retrouve cette énergie vengeresse, devenue encore plus déterminée, plus crue, plus impressionnante. Peut-être prêt à accepter une maturité qu’il semblait toujours repousser, le cinéaste livre un film d’une beauté presque classique et se laisse gagner par une sincérité nouvelle. Si l’humour et la dérision n’ont pas disparu, ils semblent tenus en respect. Le ton est donné par le personnage à la fois ahurissant et subtil du chasseur de primes qui se fait passer pour un arracheur de dents. Interprété par Christoph Waltz, King Schultz est un pince-sans-rire. Capable de balancer un bon mot en même temps qu’une balle en pleine tête, ce VRP pragmatique court après les dollars mais se double d’un idéaliste, un homme de culture et de valeurs. Venu d’Europe, il est prêt à s’affronter à la sauvagerie de l’Amérique, mais pas à s’y fondre. Il libère Django uniquement parce qu’il l’aidera à reconnaître trois négriers dont la tête est mise à prix. Mais il accepte, très vite, au nom de l’honneur et de la liberté, d’aller sauver sa femme, esclave du riche Calvin Candie. A travers les multiples facettes de King Schultz, c’est Tarantino lui-même qu’on reconnaît. Businessman de talent, à la fois amateur d’images violentes et de dialogues foisonnants, prêt à faire des films pétaradants, sans se confondre avec le tout-venant du cinéma d’action américain. Il est même, lui aussi, un justicier… de la cinéphilie : soucieux depuis toujours de rendre hommage aux réalisateurs méprisés par l’histoire officielle. Ici, il sort ainsi de l’oubli un western spaghetti de Sergio Corbucci. Tarantino, défenseur des opprimés (du septième art), l’image peut faire sourire. Dans ce western spaghetti new-look, le kitsch parodique auquel on pouvait s’attendre passe après un réquisitoire à la gravité jamais feinte contre l’esclavage. Il y a une part profondément tragique dans le personnage de Django, sobrement campé par Jamie Foxx. Comédie ravageuse et hyper violente, hommage énamouré au western-spaghetti dopé à la tchatche made in Tarantino, c’est un grand film du réalisateur – et un grand film américain tout court. A voir mort ou vif!
Vernoux (salle Louis Nodon)
vendredi 15 février à 20h30 (V.F.)
samedi 16 février à 15h (V.F.) & 20h30 (V.O.S.T.)
dimanche 17 février à 17h (V.O.S.T.)
lundi 18 février 18h (V.O.S.T.)
Bande annonce