Film de Alexander Payne
(Comédie dramatique – USA – 2014 – 1h55 – V.O.S.T.)
Avec: Bruce Dern, Will Forte, June Squibb …
Prix d’interprétation masculine pour Bruce Dern – Cannes 2013
Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain. Sa famille, inquiète de ce qu’elle perçoit comme le début d’une démence sénile, envisage de le placer en maison de retraite, mais un de ses fils décide de l’emmener chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, ils font une étape forcée dans la ville natale du vieil homme qui commence alors à retracer les souvenirs de son enfance.
« Un vieil homme bat la campagne au bord d’une autoroute du Montana, bottes hésitantes et chemise flottant au vent sur sa grande carcasse d’épouvantail. À la patrouille de police qui s’inquiète de son sort, Woody (Bruce Dern) explique qu’il entend accomplir à pied les quelque mille bornes qui le séparent de l’État du Nebraska. Là l’attend un million de dollars, fortune attestée par l’un de ces bouts de papier qui font de vous le glorieux vainqueur d’une loterie à laquelle vous n’avez jamais participé. Ramené à son domicile comme un fugueur qui perd les pédales, Woody affronte l’incompréhension exaspérée de Kate, son épouse (June Squibb), et de son fils Ross (Bob Odenkirk), vedette de la télé locale. Son autre fils, David (Will Forte), va choisir d’ouvrir une voie à la dignité de son père au travers des récriminations des autres et des embûches majeures de la personnalité de ce dernier. Un père frappé des ravages conjugués d’un alcoolisme de toujours et des dégénérescences de l’âge, homme aux contours incertains et privé de ses forces mais animé d’un mouvement perpétuel dont on ne peut relier les ressorts qui semblent autant d’expressions isolées de volonté. Une chose est sûre, le vieux s’embarquera pour le Nebraska. De nombreux membres de la famille de Woody, d’anciens amis, son meilleur ennemi Ed Pegram (Stacy Keach), jadis son associé dans un garage, viendront accueillir avec plus ou moins de bienveillance ou de rouerie l’enfant prodigue du Montana qui approche du terme de son existence sans que l’on soit toujours convaincu du gâtisme qui guiderait ses illusions. Le venin d’âme sincère que Kate, venue les rejoindre, va déverser pour éclaircir ce bouillon en exhaussera les qualités gustatives. Catho mais pas trop chez ces protestants coincés de la bourse, elle donnera notamment une scène de cimetière à pisser de joie. Des laborieux fermiers suédois dont il est le descendant, Woody n’a pas forcément hérité la ténacité pionnière mais quelques secrets révélés modifieront le prisme. La communauté tient surtout par les piliers de bar vermoulus de sa génération. Le rêve américain en papier à dix cents qu’il serre sur son coeur, son incarnation automobile à l’époque de sa jeunesse et de sa vie d’homme perdurent comme une ville fantôme après la casse. Rien de désespérant pourtant chez Alexander Payne qui, dans ses plans d’une beauté à tous les encadrer, installe au fil du trajet la capacité de David à se diriger vers la maturité, justifie la vie par son chemin même, la dualité de la fin tout à la fois dérisoire et joyeuse légitimant la force de l’instant, à condition d’y travailler. David va l’y emmener en voiture, abandonnant pour quelques jours son boulot de vendeur et les affaires rapportées par son ex qui flétrissent près des plantes vertes. Le film est peint d’un superbe noir et blanc en cinémascope qui contribue à la concordance des temps et aux variations du nuancier émotionnel. Alexander Payne ne livre aucune clé psychologique. Ses personnages vont ainsi gagner en complexité et les spectateurs en profondeur à mesure des dualités éprouvées en permanence. Le récit contemporain du film croise les immensités désertes le long des routes, les enseignes de diners et motels aux armatures que dénudent des décennies. Père et fils feront halte à Hawthorne, patelin aux rues qui semblent vides de toute éternité et dont Woody est originaire. Le séjour chez son frère et sa belle-soeur flanqués d’une paire de fils gravement crétins offrira sa part de moments comiques, ironiquement tragiques et tranquillement poignants, dont le film abonde sans pathos. »
Dominique Widemann – L’Humanité
Ce film est précédé du court métrage:
L’AURORE BOREALE
Film de Keren Ben Rafeal
( Fiction – France – 2012 – 12′)
4 heures du matin. Louise, 23 ans, dort paisiblement dans son appartement. Son père, Jacques, muni d’un double des clés, la tire du lit et l’oblige à le suivre dans la forêt. Il a entendu à la radio qu’une aurore boréale allait faire son apparition dans la région. Un événement historique qu’il veut absolument partager avec sa fille. Mais dans les bois, en pleine nuit, rares sont ceux qui viennent admirer une aurore boréale.
Vernoux (espace culturel Louis Nodon)
samedi 26 avril à 21h
dimanche 27 avril à 17h
lundi 28 avril à 20h30
Lamastre (centre culturel)
jeudi 24 avril à 20h30
vendredi 25 avril à 21h
Chalencon (salle polyvalente)
dimanche 27 avril à 20h30