Film de André Téchiné
Drame – France – 2016 – 1h54
Avec Sandrine Kiberlain, Kacey Mottet Klein, Corentin Fila
Plus de vingt ans après « Les Roseaux sauvages », André Téchiné filme l’adolescence des années 2010, ses désirs, ses errances, son sérieux, sa violence. Un véritable retour en grâce.
Les Inrockuptibles
« Quand on a 17 ans », qui signale le retour d’André Téchiné au sommet du cinéma français, explore un territoire fabuleux, l’adolescence, pour en exalter l’ardeur, pour cristalliser ce moment où la sensation d’être unique au monde est si forte qu’elle en devient vraie.
Le Monde
SYNOPSIS
Damien, 17 ans, fils de militaire, vit avec sa mère médecin, pendant que son père est en mission. Au lycée, il est malmené par un garçon, Tom. La violence dont Damien et Tom font preuve l’un envers l’autre va évoluer quand la mère de Damien décide de recueillir Tom sous leur toit.
CRITIQUE
Un croche-pied, et le bon élève qui vient de briller face à ses camarades de terminale s’étale de tout son long entre les tables au moment de regagner sa place… André Téchiné avait envisagé, un temps, de porter à l’écran le livre d’Edouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule. Son nouveau film témoigne de cette tentation sans suite. Violence et harcèlement en milieu scolaire, honte sociale et désirs troubles scandent l’histoire de Damien, le fils à maman, petit-bourgeois blanc, et de Tom le métis, enfant adoptif de fermiers montagnards.
Damien, qui arbore une boucle d’oreille, est du genre qu’on appelle en dernier pour former une équipe de sport collectif. Il cherche à s’endurcir en apprenant la lutte chez un voisin retraité, militaire comme l’est aussi son père, toujours en mission au loin. Ces figures martiales contrastent avec le penchant du garçon pour la cuisine. Quand on a 17 ans, on s’interroge sur son identité et sa sexualité. En ce sens, le film porte aussi la griffe de sa coscénariste, Céline Sciamma, auteur de Naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles, experte de la confusion adolescente et de la quête de soi.
Au-delà de ces cousinages, nous sommes bien chez Téchiné, de la première à la dernière image. C’est bien son mélange de romanesque et de sensualisme. La délicatesse de son regard sur la brutalité des gestes ou des événements. Le film raconte, en trois trimestres, les parcours de ces deux lycéens qui se frappent sans trop savoir pourquoi, du moins au début. Si l’homosexualité de Damien se précise peu à peu, Tom reste opaque, y compris pour lui-même. Fruste et solitaire, il s’inflige autant de violence qu’il en manifeste à l’égard de Damien.
Quand les deux élèves ennemis doivent cohabiter quelque temps, à l’initiative de la mère de Damien (et chez elle), on retrouve un triangle clé de l’oeuvre du cinéaste : la mère, le fils et le « mauvais garçon ». Comme dans Le Lieu du crime (avec Deneuve) ou dans Les Egarés (avec Béart), cette petite famille éphémère est mue par un inconscient passablement tortueux. C’est la mère qui, en quelque sorte, désigne à son fils l’objet du désir. Tout un château de cartes de sentiments et de pulsions s’échafaude alors, sur fond de révisions pour le bac.
André Téchiné a souvent dit son obsession du récit. Cette fois encore, les rebondissements abondent, impliquant des personnages secondaires pas toujours convaincants (comme le père de Damien), mais intéressants pour l’effet qu’ils produisent sur le trio principal. Et malgré quelques scènes sur le fil, ce film-là est le plus vibrant de son auteur depuis Les Témoins, en 2007. Sandrine Kiberlain s’approprie en virtuose son personnage de mère rêvée : ce médecin qui exerce une autorité intellectuelle et morale tout en débridant sa fantaisie et son charme le soir à la maison. Ses deux formidables partenaires, Kacey Mottet Klein et le débutant Corentin Fila, sont dirigés à la perfection. Une marque de fabrique du réalisateur depuis des décennies.
Quand on a 17 ans cite un poème de Rimbaud, qui avait peu ou prou cet âge en l’écrivant. Ce n’est certes pas le cas de Téchiné. Mais du moins ne fait-il pas semblant. Il sait d’où il filme. Cette jeunesse qu’il montre est en partie fantasmée. A tel point qu’il s’offre, pour une fois, une fin radieuse, joliment édénique. La nature, paradis perdu, et les saisons successives, autant dire les âges de la vie, sont capitales dans cette histoire. Le superbe générique d’ouverture annonce la couleur : on suit une route de montagne en plein été, et tout à coup, à la sortie d’un tunnel, nous voilà en hiver.
Louis Guichard – Télérama
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