Film de Gilles Bourdos
(Drame – France – 2013 – 1h41)
Avec : Michel Bouquet, Christa Theret, Vincent Rottiers, Romane Bohringer …
1915. Sur la Côte d’Azur. Au crépuscule de sa vie, Auguste Renoir est éprouvé par la perte de son épouse, les douleurs du grand âge, et les mauvaises nouvelles venues du front : son fils Jean est blessé… Mais une jeune fille, Andrée, apparue dans sa vie comme un miracle, va insuffler au vieil homme une énergie qu’il n’attendait plus. Éclatante de vitalité, rayonnante de beauté, Andrée sera le dernier modèle du peintre, sa source de jouvence. Lorsque Jean, revenu blessé de la guerre, vient passer sa convalescence dans la maison familiale, il découvre à son tour, fasciné, celle qui est devenue l’astre roux de la galaxie Renoir. Et dans cet éden Méditerranéen, Jean, malgré l’opposition ronchonne du vieux peintre, va aimer celle qui, animée par une volonté désordonnée, insaisissable, fera de lui, jeune officier velléitaire et bancal, un apprenti cinéaste… Renoir est un film sur le pouvoir de la création. Réfugié dans son domaine des Collettes, Auguste Renoir, le corps perclus par la polyarthrite, enchaîne toile sur toile. Dans son atelier posé au milieu des oliviers, il travaille inlassablement, le pinceau attaché à sa main raidie par des bandelettes de tissu. Et ses tableaux ne sont qu’odes à la lumière blonde qui cajole les formes voluptueuses de femmes rayonnantes et sensuelles. Toute la vie qui abandonne le peintre se concentre dans ces figures solaires gorgées de couleurs. Renoir est un film sur la griserie du geste. Gilles Bourdos a eu l’idée, excellente, de confier au faussaire Guy Ribes l’interprétation de la main du peintre incarné par Michel Bouquet. La caméra circule comme un fluide entre le visage du comédien et le geste ondoyant du vrai-faux peintre dont le douteux métier se fonde sur une connaissance intime du style et de la touche de l’artiste. Renoir est un film sur la douceur des femmes apaisant le corps des hommes. Le vieil artiste cloué dans son fauteuil roulant dont il a renoncé à s’extraire, préférant mobiliser ses ultimes forces au service de la peinture ; son fils Jean, le futur cinéaste, blessé au front et qui revient aux Collettes en claudiquant pour achever sa convalescence ; Claude enfin, dit Coco, le plus jeune des Renoir, sauvageon à la silhouette adolescente un peu malingre et empruntée… Trois âges de la vie et trois corps fragiles qui s’en remettent aux soins caressants des femmes. Elles furent modèles, maîtresses souvent, et désormais servantes : tout un petit peuple féminin officie aux Collettes, cuisinant, entretenant la maison et soulageant Auguste Renoir de ses insupportables douleurs. Renoir est un film sur une femme parmi ces femmes: Andrée. Pour le créateur, cette nouvelle muse est comme une source de jouvence, un appel inespéré de la vie. La beauté et la force d’Andrée lui attachent d’ailleurs tous les Renoir. Coco devine en elle ce mystère féminin encore inaccessible tandis que Jean tombe amoureux, puisant dans cette passion la vitalité qui lui fait défaut. C’est par elle, pour elle, que le jeune soldat indécis qui ne sait de quoi l’avenir sera fait, se tournera sérieusement vers le cinéma… Ne doit-il pas immortaliser sur la pellicule sa belle amante – qu’il épousera en 1920 ? Quelques années plus tard, Andrée Heuschling sera, sous le nom de Catherine Hessling, la vedette de son premier long métrage, La Fille de l’eau (1924), puis la courtisane Nana (1926) d’après le roman de Zola… Renoir est un film sur la beauté ensorcelante des paysages du Sud écrasés de soleil ou bleutés par les ombres au crépuscule, les délicieuses parties de pêche nocturne en mer, les pique-niques au bord des frais torrents de l’arrière-pays, l’eau qui file entre les doigts à l’image de la vie. Gilles Bourdos atteint un superbe équilibre entre les scènes artistiques et les séquences narratives.
Vernoux (salle Louis Nodon)
samedi 16 mars à 20h30
dimanche 17 mars à 15h
lundi 18 mars à 18h
Lamastre (centre culturel)
dimanche 17 mars 17h30
mardi 19 mars à 20h30