ROMAN & CINEMA 2022
Bien loin du ton élégiaque de Leto, le nouveau film de Kirill Serebrennikov est un trip cinématographique baroque et énigmatique, une déambulation urbaine convoquant différents types d’images et modes narratifs. On gagnera à s’y perdre. Le film décrit un monde où tout est chaos et brutalité, où la crasse est une seconde peau et où seul l’alcoolisme rend la réalité supportable. À la faveur d’une cuite homérique et d’une fièvre volcanique, c’est toute une vie, et un rapport complexe à l’histoire contemporaine de la Russie, qui éclatent devant nos yeux. Un film monstrueux, indigeste, trop grand, fou, et remuant, pour ne pas nous laisser à genoux. Quelque part entre le fantasme pelliculé et la chute de météorite.Synopsis
Petrov, un auteur de bandes dessinées tout juste séparé de sa femme, broie du noir. Affaibli par le froid, il rencontre son ami Igor, qui lui propose de noyer sa peine dans l’alcool, médicament universel dans cette Russie post-soviétique où la vie n’est pas simple. La fièvre et les vapeurs éthyliques aidant, Petrov voit avec surprise ses dessins prendre vie : il est victime d’hallucinations qui le transportent jusque dans son enfance. C’est le début d’une longue nuit d’errance entre rêve et réalité. Après « Le Disciple » et « Leto », le cinéaste Kirill Serebrennikov poursuit son examen clinique des maux de la société russe. Il retrouve ici son acteur de « Leto », Semyon Serzin.