Film de John Ford
(Comédie / romance – USA – 1952 – 2h09 – V.O.S.T.)
Avec: John Wayne, Maureen O’Hara, Barry Fitzgerald…
Film programmé dans le cadre de notre cycle « mémoire du cinéma », en partenariat avec [Les Écrans
Devenu champion de boxe aux USA, Sean revient dans son village d’Irlande. Pour gagner la main de Mary, il devra faire usage de ses poings alors qu’il avait juré d’abandonner la boxe à jamais.
« (…) Avec L’Homme tranquille, (…) Ford saisit l’opportunité d’aboutir un projet qu’il porte depuis quinze ans: l’adaptation d’une nouvelle de Maurice Walsh. Ce film est sans doute l’un des plus personnels et pourtant le plus étonnant du cinéaste. Un chef-d’œuvre méconnu, devenu quasi impossible à voir, à la fois limpide et pétri de contradictions à l’image de son réalisateur, figure insaisissable de poète et de cow-boy. Sean Thornton, un boxeur américain d’origine irlandaise, décide de revenir en Irlande après avoir accidentellement tué l’un de ses adversaires. Il parvient à racheter la maison de ses aïeux, un terrain qu’il souffle à l’un des paysans du coin, Flanahan, qui s’appliquera dès lors à lui faire une vie impossible. Manque de chance, c’est justement de la sœur de Flanahan, Mary-Kate, que Sean va tomber éperdument amoureux. Nul besoin d’aller chercher bien loin ni de de se perdre en conjectures hasardeuses pour remarquer que L’Homme tranquille s’impose, dans la filmographie de Ford, comme un film travaillé par une matière autobiographique que le réalisateur désigne ouvertement, pour s’en servir ensuite comme d’un matériau à modeler et à fantasmer, en un geste original qui participe beaucoup à la saveur du film. (…) L’Irlande que donne à voir le réalisateur n’en relève pas moins de l’affabulation fantasmatique, tableau fantaisiste d’une société irlandaise pétrie de traditions ancestrales au creux de vallons verdoyants. Les séquences d’ouverture inscrivent ainsi le récit dans le registre de la rêverie nostalgique, les collines irlandaises s’apparentant à un jardin d’Eden, écrin de brume et de verdure dans lequel Sean Thornton entrevoit pour la première fois la belle et sauvage Mary-Kate. La végétation luxuriante des prairies s’unit alors au Technicolor pour produire un effet anti-naturaliste au possible. (…) Si L’Homme tranquille porte la marque d’un certain nombre d’obsessions visuelles propres à Ford, le film tranche par ailleurs dans la carrière du cinéaste comme l’une de ses rares véritables comédies, dans laquelle un grain de sable suffit à dérider l’extase nostalgique du personnage (…). Le film respire une joie de vivre, un entrain bon-enfant, une énergie que l’on retrouve ailleurs dans sa filmographie mais de manière plus parcellaire, et qui est ici au cœur du récit, en faisant un objet profondément réjouissant. De ce point de vue, L’Homme tranquille est le seul film de Ford que l’on pourrait presque qualifier de hawksien, tant son style léger paraît singulier chez le réalisateur, enchaînant les situations cocasses et les échanges verbaux enlevés. Entre évocation onirique et comédie, L’Homme tranquille est ainsi tendu entre deux polarités, à l’image de son réalisateur qui semble signer son propre autoportrait : d’un côté, le conservateur attaché aux traditions, de l’autre, l’excentrique au tempérament anarchiste. »
Ariane Prunet – Critikat.com
Vernoux (salle Louis Nodon)
samedi 16 novembre à 20h30
lundi 18 novembre à 18h
Lamastre (centre culturel)
mardi 19 novembre à 20h30